Book reviews Critiques littéraires Books recently published in english and french.

jeudi 17 décembre 2009

Dave Eggers, What is the What, autobiography of Valentino Achak Deng, 2007, Prix Medicis Etranger 2009

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This book can be seen as an impostor's work because it is written by a well known American white author and teacher, active in humanitarian causes , about the life of an African Sudanese refugee who was part of the great massacres of the Darfur area and fled his village in a group of the famous "Lost Boys of Sudan" to seek refuge in Ethiopia and in Kenya UN camps. The author and the actual actor of this horrendous adventure are totally foreign to one another, come from different cultures and continents, and naturally the self appointed writer, Eggers ,was accused by critics of "expropriating another man's identity " in order to write a false auto biography. Is it worth reading in this viewpoint?

Certainly, the harrowing epic of flight, pursuit, danger and utter spoliation of a people, the Dinka of southern Sudan, is ideal material for dolorous and tragic fiction dressed in the memoir of a real life lived by an actual new American who is Valentino or Achak ,in a book that would of course be hugely popular .This is exactly what happened and the talent of Dave Eggers is felt throughout the tale to produce enough emotion , drama, suspense and fury against the horrible Muslim aggressors of the North to create indeed an accomplished "page turner."
Yet, the book is worthwhile as a work of literature because the voice of Achak is heard in all its capacity to evoke the ineradicable losses and alienation of such refugees in western countries: the complete loss of their culture (agrarian, simple , physically close knit),of their basic happiness and established place in society , and then as a result their absolute failure in the USA of today. It is perhaps the greatest surprise of the book: the horror of American life for these poor Africans, who have been completely assisted after their terrible trek and do not know how to live in a democracy without great mental anguish. They understand nothing of the elemental toughness of American culture: survive and be responsible, accept competition, have bad paying jobs for a long time , work incessantly , defend oneself against aggression and theft of all kinds , find sex and love without pre –arranged marriages form the home country etc.. It is not possible apparently for them, it is too late .. Western life is so tough and incomprehensible to them that they spend their life on the mobile phone to hundred other Sudanese refugees in hopeless self help conversations or emailing to Africa… which means not doing the essential thing an immigrant must do in order to integrate: to know and talk to local people and neighbors, to make American friends, to do what Americans do to enjoy themselves , to learn the culture and the history of the USA . No immigrant usually learns how to do all these things but the Sudanese are worse somehow. They cannot separate their dreams of instant paradise ( i.e the idealized USA ) from the reality of building a decent life as an average citizen and accept an average life. Because they all thought that they were such gifted individuals, that God was protecting them especially,that they were expected to somehow redeem their poor country by becoming rich American businessmen and go back as political geniuses… And what happens in reality ? These poor kids end up in brutal fights with black American hoodlums who despise them , collapse in drugs and even prison ,or are embraced by humanitarian whites ,who offer them a week end in their suburban home etc; It is grotesque and pathetic, such a failure which the reader feels more than the actual victims perhaps point to their African saga ( the long march amongst attacks by lions, serpents , Muslim militia and the specter of becoming a child soldier) as a life of courage and absolute realism which is now in retrospect , bathed in nostalgia.

The title of the book refers to the "What" as being the riddle posed by God to Man: "the What " is what he has given to you and how to appreciate it .In the case of the Dinka, it is Peace and bountiful Cattle rt raise. This is naturally the Pastoral life of the High plateau tribes of East Africa, from Sudan , Ethiopia and Kenya ; a life ruined by civil war which means the taking of fertile lands by armed Muslims from the North and their atrocious president Al Bashkir and the forceful removing of populations , and later, the expropriation of tribal lands where oil was discovered in the soil. The hand of AL Quaida is here everywhere to be seen since bin Laden made so much money in Sudan. It is indeed an historical tragedy.

We have here in a sense the heroic life of rural survivors , who do not know how to survive in a society of plenty and materialistic achievement ; what is a suburban mall in the face of an empty desert surrounded by blue mountains under a huge African sky with childhood mates sleeping on the ground next to you ,with lions roaming silently in the bushes . Nothing but paradise lost .

mercredi 9 décembre 2009

Hubert Haddad, Palestine,Prix Renaudot Poche 2009

Auteur de romans et d'essais, Hubert Haddad est d'origine maghrébine et a obtenu le prix des Cinq Continents de la Francophonie pour le même livre, en 2008 .

L'action se passe sur la ligne verte et le long du mur entre Israël et la Palestine et nous est relatée dans le style haletant, plein d'urgence du récit du guerre plein de dangers. Le héros est Chaim ,soldat israélien frappé d'une balle dans une escarmouche entre soldats de Tsahal et militants palestiniens. Le blessé qui aurait dû être un otage , devient amnésique et est sauvé par ses agresseurs palestiniens qui le soignent  . Résultat : il ne se souvient plus de son origine, ni juif ni arabe, et il est est alors confié à une famille de femmes palestiniennes dévouées qui le prennent pour leur fils disparu, un certain Nessim . Le voici devenu Palestinien en quelque sorte, et il est même entraîné pour devenir un kamikaze( ce qu'on appelle communément un fou d'Allah) et transféré à Jérusalem clandestinement .

L'otage Chaim qui a été recherché par tout le monde, Tsahal , le Fahta, le Hamas et ses propres ravisseurs a été caché sous le déguisement le plus facile dans cette région, celui de terroriste Palestinien, mais le nouveau Nessim ne comprend pas vraiment ce qu'on attend de lui : il est dans le brouillard .Voilà une critique à peine voilée des Palestiniens et de leur insupportable politique de violence entre factions rivales et concurrentes, qui se trompent de cible , critique à laquelle on ne s'attendait pas d'ailleurs. Bref, la malheureux Nessim déstabilisé par le mort de sa «  mère » palestinienne , recherche dans la vieille ville un certain Omar, qui va lui donner des directives ; celui-ci l'équipe d'une  »une ceinture d'explosifs et l'envoie faire sauter un bus en plein Jérusalem . On devine le topo : le voici maintenant affublé en soldat juif et muni de son ancienne identité israélienne sans le savoir ; il s'appelle de nouveau «  Cham » . On croit rêver ,intrigue invraisemblable et rocambolesque, mais on y croit sans discerner le faux du vrai.

Cette horrible métamorphose de la perte de mémoire dans la pire guerre fratricide du Moyen Orient donne à penser ; pouquoi est- ce que le lecteur marche ? Disons-le tout net  : le langage parlé des militants hystériques sous pression , se croyant tous investis d'une mission divine est communicatif à cause de l'automatisme induit par l'action terroriste immédiate : on ne questionne plus rien et on suit le cours des choses , en terroriste sous influence … Le héros sauve son âme quand même , car il est reconnu en dernière minute par une vieille copine qui grimpe dans le bus et lui parle ,sans se douter de son aventure, de son frère disparu .. Le voile se déchire brutalement et la mémoire lui revient… Non, il ne se fera pas sauter .

Il reste un récit superbe, tragique, au bord de l'abime et frappant par la nullité des ces actions atroces qui s'annulent l'une l'autre ; au milieu d'un paysage campagnard et urbain, démoli et silencieux, la nuit bleue orientale tombe sur la cabane où l'otage s'est refugié.

Gwanaelle Aubry, Personne, mercure de France, Prix Femina 2009

Cette jeune Philosophe donne ici un roman mémoriel sur son père, une quête d'identité sur la personnalité double de ce père avocat et professeur de droit, et en même temps clochard et SDF glissant dans le néant : un père fou qui a obsédé et presque ruiné la jeunesse, l'âge adulte et les vies de ses deux filles. C'est donc un récit dur et pénible à lire tout en étant tragique de par son écriture lyrique et souvent métaphorique pour évoquer ce qui parait être une schizophrénie caractérisée. On pense souvent à Althusser.

Comment décrire un fou qui est aussi un homme remarquable, qui souffre lui-même beaucoup de sa propre déchéance , de son besoin irrépressible de s'abimer dans l'absence ? Car Il désire être personne, il est constamment hanté par le désir de disparaitre. Aubry aligne donc une série portraits, portant des titres choisis par elle et par lui même dans ses divagations et ses écrits : «  Flic », «  Gisant « , « Hoffman (Dustin) » «  Léaud ( Jean Pierre ) « ou «  Pirate «  etc. qui évoquent tous des rôles ou des masques choisis par le malade au cours de sa vie . D'où ce titre étrange «  Personne «  qui est un terme psychiatrique en tant que « persona », mais le livre aurait pu se nommer « L'absent «  tout aussi bien .

Deux émotions flottent en permanence dans l'âme de la narratrice : l'angoisse et la culpabilité mais de maniére inégale car dans l'enfance les deux petites filles éprouvaient de la terreur vis-à-vis de ce père imprévisible qui disparaissait ou s'enfermait dans son bureau ; et à l'âge adulte quand Aubry essaie de se faire une vie normale et d'échapper à l'emprise de cette folie, elle se sent coupable de l'abandonner à sa solitude. Ce père anormal, souvent en loques, ivre ou errant et interné de force, est méprisé par le reste de la famille, famille très bourgeoise et traditionnelle, et n'a plus que ses filles adultes pour l'aimer et lui parler au téléphone par exemple. Tout cela est déchirant, les scènes de commissariat par exemple, et c'est très dur à lire car il n'y a pas de répit . Mais c'est un livre qui n'est pas misérabiliste pour autant et a un poids psychologique énorme, qui interpelle tous ceux qui connaissent la maladie mentale au milieu de leurs proches et qui ont appris à vivre avec ce terrible fardeau. On ne peut pas gagner cette bataille, seulement la subir, et Aubry s'en est délivrée avec son livre- hommage. Pour les lecteurs, le sentiment de pitié prévaut ainsi que l'admiration pour cette œuvre belle et courageuse. Un prix Femina mérité.


 

jeudi 26 novembre 2009

Henning Mankell, Les Chaussures Italiennes, 2006 et 2009 en français

Cet étonnant auteur de polars psychologiques suédois a un succès planétaire indéniable , ayant crée un héros Wallander, qui ressemble au Maigret de Simenon, c'est-à-dire un homme moyen reflétant la société de son époque et ses problèmes existentiels , sans arriver à faire bouger sa propre vie . Les lecteurs contemporains sont fascinés par des individus ( ou anti héros) comme Wallander qui ont des vies bloquées et sont guettés par le dépression et du coup se jettent sur Mankell un peu comme ils se jettent sur Murakami, dans une ruée d'auto identification qui est proprement un phénomène sociologique. Les gens ne sont pas idiots savent ce qui leur plait car ils souffrent des mêmes maux : inadaptation au réel ( au monde et aux autres) et repli sur soi ( dépression et paralysie ) : vous avez compris le succès inouï de Mankell.

Il est donc intéressant de voir ce que Mankell fait dans ce dernier roman où Wallander est absent et est remplacé par Fredrik Welin, chirurgien retraité qui vit reclus sur une ile de la Baltique depuis 10 ans sans contact avec le monde ; n'oublions pas ici que l'auteur est dans la vie le gendre du cinéaste Ingmar Bergman fameux pour son isolement insulaire dans les hivers terrifiants du Nord .Heros peu engageant : la routine est la même tous les jours, survivre, écouter la radio, écrire son journal , se baigner dans l' eau glacée ; il attend la mort. Il faut que l'action vienne de l'extérieur et elle va surgir en cascade par la figure de femmes uniquement. Tout d'abord une vieille femme en mauvais état avec son déambulateur apparait un jour, ayant accosté par bateau postal ; C'est Harriet , ancienne fiancée abandonnée par Welin qui vient demander des comptes avant de mourir. Elle sera suivie de Louise, sa fille et celle incidemment de Welin également, qui vit aussi isolée dans une communauté côtiere, dans une roulotte et ses chaussures italiennes .. Et finalement Agnès, l'ancienne patiente que le chirurgien Welin a amputée d'un bras dans une opération ratée du passé, est conctactée par lui qui arrive à quitter son île .Festival de l'aliénation évidemment , tous ces gens sont des marginaux par choix ,sans aucun intérêt direz-vous, mais curieusement Mankell arrive à tisser un récit cohérent et humain de cet imbroglio qui est passionnant avec les occupations incroyables de ces dames  qui les relient au monde organisé.

D'abord Harriet avec son cancer terminal sera prise en charge par la sécurité sociale à Stockholm ( normal) ,ensuite Louise ira faire une manif devant les députés européens ( assez ordinaire ) , et Agnès, la plus drôle, a recueilli des filles immigrées orientales battues , sauvages et schizoïdes et leur sert de mère en se débattant parmi les fugues ,les crises de rage , et le manque de fonds . .. Ceci touche donc à la question immigrée en Suède, sujet brulant dans toue l'Europe actuelle et dont Mankell se fait l'écho ici (il habite la moitie de l'année au Mozambique ou il fait du travail social ),sans y trouver de solution. Mais le piquant ici vient du fait que ces femmes demandent toutes des comptes à Welin,qui représente donc en victime expiatoire, la société contemporaine . Société accusée de tous les maux : elle est inadaptée aux besoins humains, froide et impersonnelle, immorale et sans pitié envers les réfugiés , et surtout cruelle envers les femmes, les seules qui donnent la vie et la nourrissent . Un réquisitoire impitoyable mais fait à travers les péripéties de l'intrigue qui est bien ficelée et évidemment transforment la vie du reclus agressé dans son refuge insulaire . Il bouge enfin vers une fin de vie humaine..

Voici donc un roman féministe, et on se demande si Mankell l'a voulu comme tel car le statut de Robinson lui plait beaucoup et le dépression, maladie moderne chronique , est une chose qu'il connait très bien ; on peut dire que son livre est un combat et une méditation sur la mort : on ne peut pas mourir seul sur une île sans avoir résolu toutes les trahisons et abandons de sa vie passée.

jeudi 19 novembre 2009

Jens Christian Grondahl, Les mains rouges, Gallimard, 2006 , 2009 (en français)

Cet écrivain danois très connu dans son pays, s'est rendu célèbre par « Eté Indien « , qui est aussi devenu un film culte , il y a quelques années.

Il a le don du polar intelligent et psychologique du genre soft , sans violence affichée et sans sadisme étalé , et ici il s'attelle au problème de la culpabilité à retardement : comment vivre avec le poids de la faute passée. Son héroïne est une jeune danoise , fille au pair indélicate et profiteuse ,mais non- délinquante ,qui a participé aux attentats terroristes en Allemagne d'un groupe ressemblant à la bande à Baader , donc des tueurs patenté, dans las années 1970 . Vingt ans après les faits, cette Sonja qui avait accepté sans réfléchir de conduire la voiture des terroristes fuyards , dont l'un est son amant , est maintenant mariée et installée dans une banlieue chic de Copenhague. Lisant dans les journaux que les coupables réfugiés en Syrie depuis des années , vont finalement passer en jugement en Allemagne , elle décide d'y aller avec son ami. (en trompant son mari, qui ne connait rien du passé de sa femme évidemment) . Une héroïne plus antipathique est difficile à imaginer  ; non seulement son aveuglement passé lui saute aux yeux tardivement mais une culpabilité assortie de dégout de soi même l'assaillent trop tard . A quoi sert de regarder ses anciens amis , sans oser les rencontrer ,ou d'aller trouver l'épouse d'une des victimes, sans s'excuser ou se dénoncer aux autorités et payer sa dette à la société ? Elle erre silencieuse et honteuse, se remémorant son indifférence criminelle de jeunesse ; bref le portrait du lâche insupportable qui reste bien en deçà, au chaud, sans rien dire.

Nous en verrons plus d'un dans las années à venir, des terroristes vieillissants. Celle-ci est pathétique, feint de mettre toute sa passivité sous le compte de la dépression existentielle ou de la mélancolie congénitale . Peinture affreuse , très subtilement faite d'un personnage inédit et sans espoir , qui ne peut que contempler le temps qui fuit et le passé qui ne disparait jamais car nos actes nous suivent  tandis que nous lecteurs , ne pouvons évidemment pas qualifier de tels anti héros de personnages tragiques ou ignobles ( comme Saddam par ex ) car ils n'ont même pas reconnu publiquement leur rôle immonde dans des assassinats aveugles et imbéciles. Ils ne comptent pas ,ils ne sont rien, ils ne sont que des zombie dangereux qui vivent pour rien. Enfin, imagine-t-on un personnage » aux mains rouges « , aussi vil que celle-ci , qu'on pourrait fréquenter tous les jours au magasin du coin ?

Grondahl nous laisse tirer la morale de son récit nous-mêmes et nous donne ici une histoire contemporaine qui va devenir bientôt tout à fait habituelle dans nos sociétés : le terroriste à la retraite ; incroyable issue à un problème non résolu mais que cet écrivain nous révèle brillamment.

 

vendredi 13 novembre 2009

J.M.COETZEE , SUMMERTIME , SCENES FROM PROVINCIAL LIFE. 2009

This Nobel prize writer is still obsessed by his youth on the veld in South Africa and in his continued auto-biography ( this is the continuation of "Youth"and "Boyhood, scenes from provincial life "), he attempts a fictional interview of J.MCoetzee (himself) presented as dead . It is quite frightening ( I thought that he was really dead at first) and curiously quite revealing as a search for truth ; it ends up presenting a complex and sometimes unflattering portrait of Coetzee, whom the fake interviewer does not know personally by the way.

In the period of his life presented here, he is 30 years old and has returned to South Africa to live with his old father while he is in between jobs : a more dismal and lonely life can hardly be described in a run- down cabin, in a country with no future inhabited by people who see nothing and understand nothing of the political situation ( post -apartheid) but just continue living as impoverished farmers or impatient potential immigrants to Australia or New Zeeland . Young Coetzee , a failed writer at this point, is the typical anti-hero ,whose return home is fraught with alienation , relentless disappointment,sorrow and the piercing inability to connect with either his Afrikaner family or the women he meets; he wanders around forlorn in this dusty desert land , unredeemed loner , looking for his childhood happy remembrances. Poor soul. Mostly he fails in all his women encounters ; they all find him emotionally dead, unable to express his feelings , not allowing a relationship to grow " ,being a weak presence" etc. On the whole a rather sinister and discouraging portrait which few writers would allow of themselves, when one thinks of it. We perceive here clearly a very clever imitation iof the famed " Portrait of the artist as a young man " not as funny and witty but sad and profound.

We can recall the literary pastiche of other novels of Coetzee such as "Foe" (imitation of Robinson Crusoe), and " The Master of St Petersburg" ( imitation of Dostoievsky ) which were quite effective . Here one of the more haunting quality of this work is the nostalgia for a dying way of life,the Pioneer Boers ( his clan) rooted on this tough land,now growing meager crops because drought is increasing , loosing money, being evicted by modern industrial life and vilified as racist pigs.He is grieving for them.

"Coetzee saw Africa through a romantic haze" says one of his academic mistress , adding that he was "too Calvinist to invest in Utopian longings",which means that our human condition is to him, a fallen state ; the black liberation struggle was just but it is not enough, and the future of the country is terrible since fighting prolongs the cycle of aggression and retaliation. A gloomy perspective , a land where the whites ultimately would all leave because their presence there was seen as legal but illegitimate since it was based on colonial conquest and apartheid .

These ambivalent and tragic feelings pervade all south African literature inevitably, think of Nadine Gordimer , and naturally these fictionalized memoirs presented as a lasting testimony , are no exception .This book proves rather uneasy to read because one has to accept its strange status of a false auto –biography ; one does in fact, but it is mainly a meditation on a life of exile and it is deeply moving.

mardi 10 novembre 2009

Marie Ndiaye , Trois Femmes Puissantes, Gallimard, Prix Goncourt 2009

Ce roman si beau et si terrible d'une femme- écrivain reconnue déjà comme talentueuse et d'origine africaine, nous fait entrer d'emblée dans un monde de souffrance et d'humiliation particulier ,qui est très différent du vêcu européen, même du monde de Zola ou de Dickens qui sont les grands romanciers de la douleur, de la pauvreté et de le destitution. Des femmes puissantes , ces héroïnes de Ndiaye ? Que non . Car les trois femmes dont il est question sont toutes des objets qui exercent une certaine puissance d'attraction sur d'autres êtres ( des hommes inévitablement ) qui les manipulent ou les exploitent sans vergogne . Elles essaient d'être des sujets mais y parviennent à peine, elles essaient de survivre et sont presque écrasées, mais elles ont une fortitude inébranlable.

Tout d'abord il y a ce style ample, lyrique, qui ose de longues périodes du genre Chateaubriand ; voici une plume rare qui décrit un monde complexe de par les hommes qui le peuplent, la nature et ses rythmes .Tout à fait somptueux dans sa beauté ce style baigne les trois récits . Rien que cela justifierait le Goncourt.

La première Femme est Norah, courageuse métisse immigrée , devenue avocate en France , qui se voit rappeler en Afrique par un père abusif, sadique, alcoolique et déchu, un vrai Karamazov, pour défendre au tribunal son frére meurtrier en prison… Le fils bienaimé ! Tout le malheur et la malédiction de l'Afrique la frappe d'un seul coup , sa vie est coupée en deux ,elle est obligée de replonger et d'aider ceux qui ont fauté. Et cette femme puissante est fauchée bloquée dans ce qu'elle a su bâtir ; mais elle est heureusement avocate et sans illusions.

La deuxiéme Femme est Fanta , jolie petite enseignante Sénégalaise toute guillerette qui se laisse emmener en France par son idiot de mari , petit blanc raté, où ils se retrouvent tous les deux sans boulot dans une banlieue sinistre. Cette femme qui est le seul trésor de son mari , nous est cependant inconnue : elle est une présence forte dans le récit ,sans paroles presque , inaccessible , fermée sur elle-même . Couple souffrant et humilié , la France se révèle pour eux un enfer et le paradis perdu est l'Afrique .

La troisième Femme Khady, est absolument tragique et représente le cauchemar des Européens : l'immigrée clandestine qui meurt écartelée et sanglante sur le grillage frontalier du Maroc .L'image de l'Europe forteresse cruelle et sans pitié se dresse ici .Or cette malheureuse est la victime des Africains  tribaux qui eux-mêmes se battent pour survivre .Khady est un rebut rejetée par tous, objet de souffrances et d'agressions abominables , mais femme puissante malgré tout, qui arrivera à garder dans cette odyssée du malheur sa dignité sa propre humanité. Ce roman bouleversant par ces trois destins de Femmes emblèmatiques ,remet les pendules à l'heure en ce qui concerne le féminisme triomphant et les droits de l'Homme dont nous nous gargarisons en Europe : les autres continents n'ont guère ce loisir et sont encore dans les affres de la survie.

dimanche 8 novembre 2009

John Banville, The Infinities,2009

John Banville won many prizes and notably the Man Booker Prize in 2005 for "The Sea ", and is rightfully recognized as the most gifted Irish writer of his generation mainly for his extraordinary style at once poetic , lyrical and acerbic ,verging on black humor as well as an aching sense of loss. All these attributes appear in his latest book, but a mythological aspect is added to the story: the Greek gods are watching the action with an ironic eye. It could have been a ridiculous novelistic device but it is not; it is very entertaining indeed .

The narrator is Hermes, the God of communication, who comments on the characters and takes pity on them while his Dad, Zeus,is pursuing the beautiful and sexy broad, aptly called Helen, making a fool of himself and of her . The tragic aspect of the tale is thus craftily hidden and Banville tells one long day in the life of the family of Adam Godley, a famed scientist who invented an awesome theory of Infinities at one time. Old Adam is dying and lies in state in the" Sky room "of his dilapidated country house , in a gloomy obscurity ; the reader is made to listen to all the interior monologues of every family member , including the dying patriarch. Virginia Woolf's splendid " Mrs Dalloway" comes to mind immediately with its subtle psychology and variegated style of many strata comprising dreams, projections, reminiscences,fears , caustic self mockery, even schizoid fantasies .Banville uses the same wonderful technique successfully here , but his book is not solar as Woolf's is .his characters are suffering and are unhappy except the housekeeper and her aged lover; there is no happy and royal Mrs Dalloway here to console us and bring the novel to an apotheosis . Hermes feels righfully sorry for us , poor mortals.

The mental patient in the family, Petra , the daughter of the hero is self destructive and destined to die early, his wife is an elf, the son is an oaf, the daughter in law an obnoxious seductress,the guests are a vain pseudo journalist and a fraudulent financial advisor.. even the great Tolstoyan patriarch himself is a pathetic has been. Yet, the tale is fascinating, full of human foibles and great moments of poetic truths which make this day memorable.The surveying gods are much less interesting than humans because they lack these mortal failings : the capacity to suffer and also to die. We see with Hermes that death is viewed as an advantage , since it ends the dreadful comedy finally ,a but our life is neither boring nor monotonous as the God's routine is. Poor Gods, and poor humans ; thank God for good writers.

This is an excellent novel with an unexpected end: the dying man comes back to consciousness and is brought forth in front of an open window, looking on the lovely sunny countryside.

 

samedi 24 octobre 2009

Notice sur Haruki Murakami

Cet auteur japonais contemporain,lu et traduit dans le monde entier et qui aurait dû être Nobelisé depuis longtemps, connait un succès incroyable en Asie et en Occident .Il est toujours traduit assez tard en français et ses deux romans les plus politisés, « Underground », 2001 et «  1Q84 « ( parodie de » 1984 »de George Orwell), 2009 , e sont pas encore traduits ; tous deux sont inspirés par 2 évènements catastrophiques dans la vie nipponne : le tremblement de terre de Kobe et l'attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo qui eûrent lieu tous les deux en 1995 .

Kobe est la ville natale de Murakami et depuis cette date, ses romans sont empreints d'une conscience politique et existentielle de la vie urbaine de notre époque : face à la violence moderne et à ce » totalitarisme doux »et insidieux existant dans les démocracies comme dans d'autres régimes , on voit des consciences déstabilisées , vivant dans un malaise indéfini attendant quelque chose ( de salvateur évidemment ) qui ne survient jamais .. D'où son succès incroyable chez la jeunesse éduquée partout dans le monde et spécialement en Asie càd Chine, Corée de sud ,Viet Name, Singapour , pays bénéficiant de traductions immédiates à la publication japonaise originale .Cet auteur difficile, réussit l'exploit de dépasser Harry Potter, en millions d'exemplaires publiés car çà l »evidence, il incarne uns exigence moderne de trouver un sens à un monde globalisé dépourvu de valeurs traditionnelles et ouvert à tous les fondamentalismes, monde sans défense ,sans parler des dérives incroyables et dangereuses d'Internet .

Son livre «  Balade de l'Impossible «, le Seuil, 1992 , l'a fait connaitre en France et les pays francophones ( in english «Norwegian Wood « ).

mercredi 21 octobre 2009

Haruki Murakami, Sputnik sweetheart,1999

This is not the latest book of Murakami, but one I have just re- read after viewing all these gorgeous Chinese ink paintings at the Brussels exhibitions " Europalia China" ; so I wonder if these crazy characters in these metaphysical novels, are seeking only beauty in their constant searching , or is the quest for literature, as the only important thing in life, the answer.. . Because literature allows one , just like dreams , to touch to the other side ; the other side of everyday life or the material life. ( it is a matter of" crossing the mirror" as the proverbial Alice ) . Obviously, such notions are elusive , this metaphysical angst being the leitmotiv of all Murakami's novels, yet they are without pretention, simple and clear to read since they are sunk in the most everyday life imaginable, and naturally they are obscure to the rational mind , even open to poetical visions… Is this not frightening and leading to inanity , to predictable boredom , o r bad existentialism . Curiously ,not at all.

Here we have 3 lonely characters: The first one is K. the writer-narrator, then Sumire, a crazy sort of hippy , childlike waif, who writes all the time, convinced of the rightness of her quest, and lastly an older woman , Miu, a sophisticated business woman, who hires Samire . All three are like satellites orbiting around, lost in a void , loosely connected : K. falls in love with Sumire who feels no desire for him but falls in love herself with the married and frigid Miu. Love or sexual desire is not working,, no one knows what they are after except a form of solidarity . Both women have had dreams or visions which point to the famous other side of life, the disappearing reality . How can one get out of one's consciousness and have one's personality split in two if this is the only way to reach the true life ?

All three share this obsession but these vain dreams are suddenly shattered : Sumire disappears one night on a Greek island while vacationing with Miu : no one can find her . Is she dead, no one knows, but one day months after, K. receives a phone call in Tokyo : Samire's voice is on the line . We do not know whether she comes back or not. Murakami always leaves loose ends and life continues inexorably ,a long voyage toward an evanescent meaning, not unlike the spiritual solitude of these Chinese scrolls displaying monumental mountains in empty skies, with one single flying bird.

 

mardi 13 octobre 2009

Philip Roth, Exit Ghost, 2007

Roth in one of his latest autobiographical novels ( the next Zuckerman volume ," Humbling " , his 30th book, is already out) reaches a poignancy and a sense of failure rarely attained in his work.Here our hero has to deal with the horrors of old age in the modern male, i.e. the American Jewish male who survived prostate cancer surgery. Possibly the creative artist suffers more than the average man since he needs recognition in order to survive . We can recognize immediately some famous Rothian themes, namely shame and humiliation , in the decline and disintegration of the body. This decline is spelled out frankly , both incontinence and impotence happen, in one stroke at the age of 60 , irremediably. Some escape this consequences , but to Zuckerman it is instant old age for a man used to strength, sexual capacity and perfect use of his body functions, not to mention the delight of female intimacy . Zuckerman becomes a ghost and an exile who flees his old urban life and goes away to write all alone in an isolated western Mass cabin, but he is at peace. We read a meditation on death in " Everyman" by Roth, one of his great books , but not the becoming of the ghost of oneself. This is it.

Sexual potency and the erotic life having always been capital to the author of "Portnoy's complaint" of yore, are now withdrawn and acknowledged fully,as an humiliation of the first order , which is a difficult confession with the inevitable pathetic details of wetting oneself, of wearing diapers ,of having to clean oneself as an infant etc…No vulgarity or self pity here; it is simply abominable and one has to accept it . Physical losses are rarely or never confessed by women writers that I know of, which brings to the point the novelistic need to describe faithfully old age and its travails as Rembrandt did for ex . in his auto portraits .Old age is an extraordinary rich theme for novelists apart from the famous wisdom of old Nestor in the "Iliad", and sexual humiliation or shame is less felt by older women who have notably the pleasure of grand motherhood to sustain them and are less affected by sexual desertion, it seems.

The second remarkable thing of this harrowing novel is the plot and its New York city flavor ; Zuckerman having gone to the city to see an urologist , and having a vague hope of recovery, loses his peace of mind because of a series of irresistible impulses . Impulses , or bad Instincts are lethal , serve only the young and should be resisted absolutely, Roth insists on this point .
He falls crazily in love with a young female writer, a rich Texan Wasp , beautiful and vain: first disaster . Then he quarrels ridiculously with a young male rival, a literary fraud: second disaster .Finally he finds an old flame who is disfigured by brain cancer and also loses her memory plus her dead husband's manuscript : third disaster. All these are followed by a flight back to the mountain cabin or the life of a Zen monk which he should have never left , as big cities with their fury,are an impossible challenge for the old. But It is not enough suffering and humiliation , as he finds now that he is affected by memory losses and is quite certain that his intellect will fail him also.
What a book to write but what a book to read .We can now look forward to reading the last of the Zuckerman series, already announced : "Nemesis." We can hardly wait.

 

jeudi 24 septembre 2009

Toni MORRISON , a Mercy, 2009

This is a magnificent and sorrowful story told in the manner of an epic of the settling of America , told as in a dream by many voices which call on each other ,call on the reader which means really calling on to the Gods , as in Homer.This is a truly inspired writer who speaks like a prophet of the American past,of the incredible odyssey of these early settllers , European adventurers or ex convicts, indentured workers , poor women sold as wifes, homeless prostitutes ,orphans …all kinds of miserable and heroic folks packed on these boats crossing the Atlantic, who wanted to survive and make a new life . And naturally the most miserable of all, the imported African slaves.To all these unknown and forgotten ancestors Morrison pays homage in a beautiful elegy because her book reads as a poem and evokes so much suffering and death.

We are in 1690, an African woman and her small daughter, Florens, are the basis of the story as in " Beloved" . They are slaves in a plantation owned by a hideous Portuguese planter in Maryland who needs to sell one of them to erase a debt. The reluctant buyer is an honest dutch merchant who takes the little girl at the urging of the desperate mother who appears to favor her baby boy ,but really tries to save her daughter, by putting her for choice. . She guesses instinctively that a nice master would be better than a mean one for her little girl . This founding scene is a heart break ,unforgettable and will remain indelebile in the hearts of both mother and daughter.

Yes, girls and women endured so much more suffering and humiliation than male slaves that Morrison chooses to describe the terrible story of the 4 women who work on the the farm of Jacob Vaard in Virginia and disregard males' lives really ; three negro girls, orphaned or abandoned, and a white wife called Mistress , who labor together in a communion of females . The master, a farmer and trader rules fairly and this could be a small island of contentment if tragedy did not strike in the form of infants deaths( which were common in the colonies ). All four of the masters children die one after the other and everything collapses after the master himself dies of smallpox. The small community is broken ,the surviving mistress goes crazy with religious duties and all these working women plus one infant born recently ,will be either sold or will try to flee.. a desolate ending except for one thing . Florens, the saved daughter of the forgotten slave mother , is now teaching herself how to read and probably will understand her mother's gesture one day : a Mercy . We know that Toni Morrison agonized over this title, which in the end is splendidly moving because it offers such a poignant echo of the impossible choice to be made in moments of absolute destitution and misery . The United States like all countries was founded indeed on so much sacrifice and suffering that one of its greatest living writers is singing and recreating its very creation in an epic vision ; she writes such visual scenes of natural beauty that we almost forget that all human births takes place in blood .This novel can be seen as a historical action of grace with the voices of ghosts who did not write or bear testimony themselves but needed a poet to make them live again , haunting our memory.

lundi 21 septembre 2009

Justine Lévy, Mauvaise Fille , 2009 , sélectionné pour le prix Goncourt

Le troisième livre de la fille de Bernard- Henri Lévy suscite évidemment de la curiosité, surtout quand le best seller précédent ' Rien de Grave « paru en 2004, avait bénéficié de l'effet Carla Bruni donc de l'effet » people , comme le disent si ingénument les Français ; en effet écrire un roman autobiographique sur un mariage brisé est sans grand intérêt mais quand la voleuse de mari est une top model archi connue et en plus la future Première dame de France , on tombe dans le coup médiatique de première grandeur . Chapeau ! L'ennui est qu'on n'a aucune envie de lire le roman puisque les shows télévisés et la presse à scandale sont de loin plus amusants … les risques du métier et la starisation du monde littéraire se payent chers. Faut-il prendre cette écrivain au sérieux ?

Bref , ce dernier livre ne m'aurait pas intéressée si ce n'est un récent article du Monde littéraire , dithyrambique ,par un journaliste avare de louanges ( quoique ami du célèbre père de Justine Lévy) reconnaissant à l'oeuvre une grande beauté et une profondeur psychanalytique. Diable, de quoi s'agit-il ?

C'est une sorte de confession- thérapie sur la perte de la mère : la mort lente et dévastatrice du cancer évidemment, la pire épreuve qui soit étant de contempler cette atrocité au pour le jour : l'héroïne (Louise) seule au chevet de cette mère adorée et détestée à la fois , en serait brisée si ce n'était la grossesse qu'elle découvre et qu'elle n'ose pas annoncer à sa mère mourante . La nouvelle vie (une petite fille ) va donc remplacer une vie disparue , mais ce n'est pas si simple . Louise se voit de plus en plus comme mère de l'agonisante, et est honteuse de porter un enfant de remplacement ; en plus elle craint plus que tout de devenir une mauvaise mère comme elle se croit être une « mauvaise fille «vis à vis de cette mère horrible sous tous rapports » qui ne l'a pas élevée , l'a quasiment abandonnée et en plus l'a culpabilisée à mort . Le fameux couple sado- masochisme a rarement été aussi bien décrit : c'est bouleversant et interpelant car le style haletant, la langue parlée brutale , saccadée et volontairement populaire de Justine Lévy est terriblement efficace. La lecture en est épuisante, physique , et même l'exhibitionisme patent de ce genre de roman- Réalité ( copié de la vie vêcue)d'une personne célèbre et cherchant à l'être ,ne gène pas le ressenti de la douleur. C'est un livre de Douleur et de Perte ; c'est probablement ce qu'elle a écrit de meilleur.

samedi 12 septembre 2009

J.M Le Clézio, Ritournelle de la faim, prix Nobel de littérature 2009

Ce grand écrivain nous donne ici un très beau livre nostalgique sur sa mère, sur l'exil familial de l'île Maurice et sur l'occupation et donc la faim et les privations terribles des français en quarante  ; il a connu enfant à Nice la fin de la guerre, la pauvreté et puis la libération , et il en parle avec beaucoup d'émotion, un ton lyrique discret et poignant. Comment oublier le Nice désolé, nu et rocailleux ,sans port et sans vie qu'il décrit ici ainsi que le bruits des oiseaux dans les quelques jardins parisiens que ses héros fréquentent pour un auteur qui déteste autant les villes européennes ?

La petite Ethel ,l'héroïne de ce dernier livre , est la figure de sa mère enfant qui absorbe les souvenirs de conversations familiales sur sa vie coloniale à Maurice, avec une poésie délicate et une nostalgie lancinante ; déjà une obsession des tropiques transparait dans l'enfance. Cette petite amazone qui sauvera ses parents de la débacle, de la ruine familiale et de la faim en cette fin de guerre rappelle irrésistiblement le splendide roman posthume d'Irène Nemirovsky , » Suite Française » : même évocation douloureuse , impitoyable de l'exode, de la faim, du désespoir et même évocation de la fin abrupte et la ruine financière complète de la vie d'avant guerre avec son luxe, sa joie de vivre et les fastes de ces classes aisées européennes . Ce monde a disparu et la chronique en est terrible, préfigurant la vie d'exil et de recherches incessantes, d'exploration d'un monde meilleur et exotique auquel s'est livré cet enfant des ïles : Le Mexique, les Caraïbes, le Japon, la Corée et plein d'autres qui ont tous été des havres pour ce poète romancier.

La figure du Père magnifiquement peinte dans « L'Africain » et son meilleur livre, « Le Désert », sont centrés aussi sur la recherche des origines , l'ensauvagement intérieur apporté par le voyage dans ces contrées superbes, où les hommes bleus du sud marocain par ex.conservent des légendes et traditions qui les ancrent à la terre dont la beauté des paysages donnent une écriture poétique inouîe, unique dans la littérature française contemporaine. »

La Ritournelle de la faim » est moins belle que «  le Desert « , mais plus touchante, plus personnelle dans son récit poignant de la ruine physique et psychologique du père d'Ethel , pour cette fille courageuse et sans crainte contrainte à 19 ans à l'exil, càd à fuir cette Europe dévastée par la guerre pour se refaire une vie au Canada . Un nouveau départ, mais un passé Proustien qui est pieusement conservé comme toujours chez Le Clézio qui se nourrit du monde et de ses merveilles mais reste profondément français : l'explorateur solitaire n'oubliant jamais que la recherche de son identité et de ses racines fondent son être.

jeudi 10 septembre 2009

Paul Auster, The book of illusions, 2002

This remarkable novel is a typical Austerian opus on American intellectual and cultural life ,yet the enigmatic significance of the story evades the hapless reader: the first part dealing with the life and sorrows of narrator David Zimmer is fascinating enough , the second part which tackles the unbelievable adventures of Hector Mann, the hidden and real hero of the novel, is absolutely too much .We are led to believe in the Hollywood adventures of a crook and insufferable clown, a character which often introduced in Auster's novels and viewed by critics as "absurdist ", but the grotesque here turns out to be simply tiresome. Because, I insist , this novel starts and means to be realistic and impart an element of tragedy. But this writer , curiously, does not allow himself to be tragic.

Yes, the loss of Identity of the narrator and his grief at the death of his family are a wonderful novelistic material; yes , failure and inability to survive are further quality to keep us riveted because we expect either a Dostoïevskian disaster or a form of Rothian redemption. The human reader is simple enough to decipher but he is not stupid and definitely not a catapult to throw away in space with the hope of keeping him reading.

The exploits of Hector Mann,a silent film actor once famous, are the subject of the narrator's book , are cascading through the rest of the novel: it is mind blowing . Hector disappeared after the suspect death of his first wife, changed identity a dozen times, had a million jobs, became rich , remarried an insane artist genre Georgia' O Keefe in New Mexico where he made new movies in secret , is now dying etc…. Naturally the story ends up tragically, murder and a lot of sex with a woman also writing a book on Hector are heaped up , and all traces of Hector's life and works disappear in a bon fire as if nothing ever happened .This is indeed the book of illusions : Auster is a well known metaphysician, no question about it.The book is finally, immensely entertaining and imaginative.

Yet, this novel is disappointing , and we are faced with a work of fiction which degenerates in a rather cheap thriller, gorged with stupendous subplots , which ruins the beauty and powerful emotions inherent to the beginning of story. It is indeed difficult to equal the greatness of " Leviathan " or "Moon Palace" and Auster not only writes a great deal , but makes movies, delivers lectures and is present in multiple cultural events . He has become an undisputed star.

lundi 3 août 2009

Yu Nagashima, Barococo, 2007 et 2009 , prix kenzaburô Oe

Ce livre comme ceux de Haruki Murakami est un enchantement fait de petites touches décrivant un quotidien banal et même routinier de gens normaux vivant autour d'une boutique de brocante , appelée «  Barococo «  dans un quartier tranquille de Tokyo.Le narrateur , la trentaine bohème, travaille à mi temps chez un antiquaire et observe les voisins qui viennent papoter au magasin , le trafic, les clients , les déménagements de meubles , les manies des uns et des autres… Tout cela dans une ambiance relax, facile agréable qui entretient chez le lecteur l'impression de faire partie du groupe, ce qui est du grand art . Faire quelque chose de poétique avec si peu d'éléments dans la narration , est remarquable et Nagashima parvient comme Murakami , à communiquer une sourde angoisse métaphysique , une acceptation de le ténuité de l'existence humaine qui est envoûtant.

Les romans japonais de cet acabit sont parfaits pour nous occidentaux ; nous les apprécions immédiatement tellement nous sommes demandeurs de sens et aimons cette atmosphère suggérée de la vie vêcue de manière alternative  .Et cette vie intérieure ne se manifeste que dans une description discrète et minimaliste du quotidien .Pourquoi travailler sans relâche sans jamais s'arrêter ? L' apologie d'une paresse contrôlée , ce petit roman nous expose quand même aux manga et au Sumo qui font partie intégrante de la vie de tous les Japonais ; il y a donc une touche d'exotisme et d'humour asiatiques pour nous amuser quelque peu et l'histoire se termine à Paris, où toute la bande se retrouve avant d 'aller en Provence faire une vente de meubles. Fin un peu convenue , c'est dommage d'ailleurs, un peu trop glamour et trop facile ( Paris et la Provence !) , même si elle est tempérée par la réflexion du narrateur sur «  cette petite aventure qui n'est qu'un morceau du voyage de sa vie. »La vie et la difficulté de vivre sans drame ni violence ni « self pity « , voilà ce que ces écrivains existentiels japonais apportent à la littérature du moment.


 

 

vendredi 31 juillet 2009

William Boyd, Brazzaville Beach, Penguin, 1990 and 2009

To write on Africa these days, it is better to remain vague as to the actual country which remains " on the edge of the Continent" and only give an actual name to a once fashionable beach gone native as the meeting place of the characters. Such a novel cannot escape either the inevitable civil war between savage adolescent troops , but an ironic description of hideous massacres between insanely named "terrorist " , who are in fact volley ball players, can lead to a rather enjoyable tale. Boyd avoids thus the snare of racism and western arrogance and delights the reader with the tremendous drama African enterprises can produce with rather ordinary lives.

The plot can be quite gripping when the subject is Ecology in the Midlands woods and coppices on the one hand, and the study of Chimpanzee behavior in the African bush on the other hand ; this is the first professional trek of Hope Clearwater, the strong willed Amazon and heroine of the book. Now this woman although an academic and not a crime specialist, is spared nothing : a psychotic mathematician as a husband, an Egyptian lover as a mysterious pilot of a fleet of contraband Migs, a tough career as an observer of monkeys behavior in the African Forest undergrowth with a team of neurotic western scientists living in the same compound in a colonial atmosphere of sexual and academic rivalry , totally obsessed by their project, yet subject to kidnapping, attacks or rampage by war lords in the vicinity.They are real " Innocents abroad " .

Danger is everywhere and it is an adventure story full of fear and risk , plus the vigor of the wilderness , riveting with the complexity of flash backs and 2 parallel stories entwined of the failure of an academic marriage and the discovery of wild Africa and a war among Chimpanzees. Hope ends up living alone in a hut on Brazzaville beach, exhausted , rescued from kidnapping and imprisonment in the jungle and quietly reflecting upon her life. One is tempted to think that it is still the prerogative of the white man or woman to take Africa , surely the last frontier in this world , as a marvelously saving therapy… "Brazzaville Beach" is also curiously a rather feminist opus : this single woman's life along with its travails and ordeals appears to be better than James Bond's exploits but also attains some intellectual achievement of note.

mardi 21 juillet 2009

JOAN DIDION , L'AMERIQUE , 2009


Tour d'abord, il faut lire le dernier livre poignant et tragique de Joan Didion sur le mort de son mari : » The Year of magical thinking « 2005 .

Voici un recueil de textes- reportages emblèmatiques de Didion sur les premiers enfants drogués de Haight-Asbury de San Francisco , sur la révolution des années 60 dans les campus californiens,pleins de lucidité, jusqu'aux souvenirs familiaux de la vieille cité de Sacramento des fermiers pionniers de « la Vallée » . Cet une sorte d'hommage à son oeuvre parfois mal traduit ,mais empreint de ce désir absolu de cerner la vérité qui est si caractéristique de Didion, un des rares auteurs existentiels , quasi métaphysique en langue américaine . Il manque des extraits des fameux textes de « Miami » » où elle analyse la sociéte cubaine immigrée, ainsi que les reportages très politisés de » El Salvador » et de son meilleur livre « Democracy « ; mais relire les évènements de la révolte estudiantine du campus de San Francisco State , des attaques à main armée du groupe terroriste Black Panthers est plutôt réjouissant et dénote à quel point toutes ces révoltes sociales paraissent aujourd'hui obsolètes , infantiles et même comiques dans une société qui était à l'époque encore très sentimentale, généreuse , dépourvue de cynisme sauf pour les parents de l'héritière Patti Hearst enlevée par les Black Panthers et devenue l'héroîne des tabloides de 1979 . On voyait partout les photos de cette Che Guevarra femelle en mitraillette , devenue braqueuse de banque malgré elle … bienheureuse époque ! La seule héroïne qui manque au tableau des années Viet Nam est Jane Fonda, qui n'a malheureusement jamais intéressé Joan Didion.

Celle-ci veut expliquer ce que veut dire « être un enfant des années 60 en Californie « et y réussit fort bien, étant elle même de la génération précédente qui était comme ses parents ,naturellement pessimiste dans les affaires humaines ,ne croyant à aucune révolution sociale efficace . Dans les textes sur New York ,le ton est plus tendu : les relations raciales ambigües , difficiles , pleines de haine d'un côté de mépris et de morgue de classe de l'autre ,sont décortiquées sans concession lors des reportages sur les fameux meurtres de Central Park (la joggeuse de Wall Street égorgée et violée par 4 ados noirs et hispaniques ) qui sont saisissants.

Le message des textes Californiens,souvent lyriques car elle adore la Californie, est clair : il y a longtemps que le rêve californien est derrière nous,l'âge d'or est révolu , l'âge de fer est arrivé et maintenant que la Californie est le premier état des USA à déclarer une banqueroute publique officielle, le cauchemard de la pauvreté généralisée est un fait. L'immigration incontrôlée de masses de pauvres hispaniques de toute l'Amerique latine a eu raison de la Huitiéme Economie mondiale.On n'y paie plus les fonctionnaires ,les piscines publiques sont fermées, faute d'argent. Joan Didion vit à New York.

mercredi 1 juillet 2009

Marylinne Robinson, Home , Orange Prize, 2009

A difficult and profoundly moving book , Robinson is one of America's most remarkable writer . Going home, in a provincial house where a very old man lives with a middle aged daughter, for a wayward drunk at the end of his rope ,is really sad and hard . Jack arrives home, haggard ,silent, polite and hides in his room while his sister Glory broods on her own failures ,resents his presence , and the old father invokes Scriptures ,rejoices in sacrificial love and tries to recreate a normal family routine . It is slow ,painful but riveting ,the three of them reveal the hidden bonds of the highest spiritual love among humans: how to help your old father to end his life and how to redeem your pathetic lost brother .The biblical return of the Prodigal son is told in a retiring rural town , but we know well enough this redemption is less and less probable in a modern rootless , individual society .

Robinson reveals a rare insight in the soul's meanderings in a beautifully crafted novel , depicting a wonderful family life of yore ,in Gilead ( as in Robinson' s first novel ) with all its moral values,fears and moral expectations . Religion as in Faulkner, lays heavy on their lives .Yet this is not the doomed South , it is on the contrary highly realistic in the human problems presented to us : the obligation we have to care for our brother .The Boughton family deals with it alone, without the help of institutions ; care and unconditioned love is natural, a duty even when the lost soul is awful, weak and selfish .Obviously sacrificial Christian charity is pervading here but also admirable because of the absolute sobriety of this family , presented as a myth of civilization evidently but also as its last vestigial stronghold . "Home" indeed is our foundation ,even when we have lost it and dream of it ; It is where we all want to return all our lives.

dimanche 28 juin 2009

JUNOT DIAZ, The Brief Wondrous Life of Oscar Wao, Pulitzer Prize, 2009

An anti family epic and the ultimate anti hero. Oscar is not a play boy nor is he a homerunner in baseball as all immigrant males should be apparently among Hispanics. He is a fat little kid spoilt by his family, weird and ugly,who grows up a loser and a nerd. Worse, as an intelligent child, he is profoundly miserable all his life in Paterson , N.J. where he does'nt fit , remains a loner who reads all the time, writes stories and plays hi tech games , and never lands a girl friend during his entire life. I must say that Dominicans in general are painted here as the most awful Hispanics, possibly the most awful Caribbean's of all : Diaz calls them" obnoxious Negroes" obsessed by sex , brutality and insane rivalry or sexy broads constantly hustling and angling at getting the most prized male; poor Oscar does not have a chance.

Now, are poor neighborhoods high schools really that moronic, is male virginity ( not being able to score ) such a heinous shame and are athletic achievements so needed , in order to survive ? Probably and we are made to live this nightmare along with Oscar and his family where the women are tough fighters and economic struggle is the rule. The rhythm of the book is fast; it is high speed ,rambunctious and comical; it reads like a movie . One hopes that Oscar can find a little place in the sun and survive in the rat race, but no, he cannot. He dies young,just 23 years old sand till hoping to be happy, poor little slob, having not lived yet and it is absolutely awful.

This nice and harmless kid is killed by Dominican thugs , beaten to death in a sugar cane field, unprotected by his naive gentleness and idiotic pursuit of a fruitless amorous adventure. Diaz shows us quite clearly the horrors of the Trujillo dictatorship in the Dominican Republic in the sixties , which was like Kosovo, a dangerous bloody place from which one flees to emigrate to the USA. In New York and New Jersey , any immigrant is a citizen who can live in peace even if he remains a loser ; losers are the salt of the earth . Diaz does not recognize this reality ,he is writing a book on mean failure and on the horrors of immigration in a country where all aim at success , wealth, sex, and happiness in a ceaseless competition . What a nightmare.

mercredi 24 juin 2009

Milan Kundera, Une rencontre, Gallimard, 2009


Ceci est un recueil intéressant mais inégal de souvenirs de jeunesse à Prague, de rencontres d'artistes vivants occidentaux ou d'intellectuels martiniquais influencés par André Breton par ex, et puis d'essais littéraires sur des grandes figures d'Europe centrale telles que Janacek ou Broch .

L'essai sur Francis Bacon est remarquable : Kundera remarque que la comparaison faite constamment sur le désespoir entre Bacon et Beckett ( à la fureur de Bacon), est erronée car Bacon est en réalité un optimiste qui croit en la peinture, qu'il emploie encore tous les instruments de son art ( le pinceau et la toile), observation pointue, de même que Beckett écrit encore un théâtre d'auteur . Il est vrai que les peintres contemporains sont des vidéastes ou des publicistes du genre Warhol ; n'importe quelle exposition contemporaine le montre abondamment. Bacon pour Kundera est un grand triste, seul de son espèce, tourné vers le passé plutôt que vers le futur, ne se faisant aucune illusion sur l'histoire de la peinture et de la littérature .Tous deux vivent, avec Beckett ,la fin d'une civilisation .

Chez Bacon, la confrontation brutale ne se fait pas avec la société ou l'état, mais avec la matérialité du corps de l'homme.D'où ces corps sanglants, ces blessés animaux ou humains et ces visages brisés dans son œuvre. Bacon parle tout à fait sérieusement de la grande beauté de la viande chez les bouchers par exemple. ( il faut y penser, mais nous sommes en fait dégoutée par le sang ; pas lui.)

Bacon se réclame de l'histoire de l'art dans sa totalité, il descend au fond de Picasso qu'il admire beaucoup. Mais Picasso était ludique et euphorique tandis que chez Bacon, la main du peintre se pose d'un geste brutal sur un corps ou un visage ; « Il y a de l'effroi devant ce que nous sommes dans son art » comme il y a du viol cette manière de peindre le moi enfoui des sujets .Ce diamant caché, dit Kundera, cette « pépite d'or » qu'est le moi d'un visage. Très bien vu., essai remarquable.

E nsuite Kundera connait très bien la musique, il parle avec beaucoup de sensibilité de Xenakis , de Janacek évidemment, et de Varese, tous des compositeurs difficiles. Je pense qu'il joue d'un instrument lui-même, car il parle en connaisseur de la musique ; celle de Xenakis particulièrement, tellement étrange et dépourvue de sentimentalité, lui procura plaisir et soulagement au moment le plus noir de sa vie (l'occupation de la Tchécoslovaquie par les Russes). Il insère des morceaux de partitions dans son texte à la louange de Janacek, dont il trouve les opéra , déchirants. l'Europe centrale ,dont il est l'héritier , a voué un culte à l'opéra du 19e siècle qui est souvent tombé dans le kitch, dernier avatar du Romantisme, que notre auteur se garde d'admirer.Rien sur Wagner ici..

Ce recueil est toujours intelligent ,perspicace , nostalgique et si varié que c'est un plaisir de le lire .Quand Malaparte est évoqué, auteur complètement oublié de nos jours, c'est l'importance des morts , la présence armée, américaine , énorme ,rayonnante et invaincue dans cette Italie exsangue, qui nous dit que l'Europe nouvelle en sortira changée pour toujours : américanisée .


dimanche 21 juin 2009

Jhumpa Lahiri, « Unaccustomed Earth », Bloomsbury ,2008

Jhumpa Lahiri, « Unaccustomed Earth », Bloomsbury ,2008

Excellent group of short stories about Bengali and Indian exiles and immigrants into northeastern academia in the US , that shows their difficult adaptation, their nostalgia for India , as well as their extraordinary expectation towards the chosen land . They are all eager to prove themselves and their imagined superiority, awaiting recognition of their unusual talents. They all without exception ,want to go to Harvard as a right , or an equivalent Ivy league college, and are incredibly snob about what they consider their due .That Harvard is he very best only does not occur to them and that others are better than they are is not possible .Their bourgeois background in India hardly prepares them for the American meritocratic system , its severe competition and its unavoidable cruelty towards the human failures .

The first story tell us how difficult it is to strike new roots in a new earth (hence the title, "unaccustomed earth") and grow things. A first generation immigrant man after a life time in Pennsylvania as an engineer., goes to visit his daughter out west in Seattle and although the west is foreign to him, avoids carefully her allusions to retiring with them in the " Indian way " (showing how American he has become and how little India now means to him now ) .He is content to grow a garden for her to care for when he has gone back home in the East . Her bafflement is sincere and her disappointment also since she is less autonomous than her father and thinks that somehow letting an old man live his own life, is betraying her dead mother and Indian traditional family ties. The father is also hiding a nascent love affair with a middle aged Bengali lady he has recently met, another infringement upon the role of the patriarch in India.

So, in all the stories, there is ambiguity and a betrayal of old customs in the new country and everyone is wondering where to go and how to assuage frustrations. One is not American as yet and not Indian or Bengali any more either. The return to India every summer becomes an ordeal for all indo –American teen agers who do not enjoy the company of all these wailing relatives in Bombay, showering you with sweets. They are vaguely ashamed of their foreign manners and silly cries..

A recent immigrant Indian student who after 5 or 6 years in the US, marries an American girl and not an Indian one chose by his parents at home, with sari and veil is seen as a traitor . A suitor who in non indian but speaks with a British accent is better that one who has an American accent. A son who does not become a surgeon, a lawyer or a scientist is seen as a shameful by his parents afraid of the judgment of other Bengalis . Success at all costs is a necessity and the highest accomplishments are an obligation, failure is only American , Indians exiles are not supposed to fail ever. All these derogatory judgments on the country which has welcomed you are amazingly rude and obnoxious, common to all immigrants perhaps but appear particularly ferocious amongst the community depicted by Lahiri , and to readers quite shocking .One becomes incensed by the pretentiousness and cruelty of these people blinded by their need for recognition and their Indian snobbery.

Lahiri describes all this with cold clarity and ironic detachment, neither apologizing nor judging her people . She shows quite a bit of compassion towards her characters and understand their plight. Immigration is perhaps harder for educated people and old cultures than for ^the poor and truly downtrodden from barbarous lands, who appreciate American generosity and openness, without complex. On the other hand, no Indian or Bengali was ever found to be a terrorist amongst their community as the recently arrived Somalis or Pakistani, Muslims it is true, turned out o be in the attacks of the London Subway . These indo Bengali exiles do not murder or attack, they simply despise most American customs as inferior and rather vulgar , and they want to be superior at all costs .They do succeed and work very hard indeed; universities reward them with degrees and good faculty positions, but they are rarely liked by colleagues or neighbors. They resemble a little Jewish immigrants of the past without their sense of humor "à la Woody Allen.", but with the same determination to wrestle the best of the new land and become one day proud new citizens.


 


 

Siri Hustvedt « The Sorrows of an American « 2008.

Siri Hustvedt «  The Sorrows of an American «  2008.

A book of origins and a haunting revisiting of Norwegian ancestors, common both to the author and the hero of this book, Eric Davidson , a Brooklyn psychoanalyst who is in the throes of a huge midlife crisis. Not only is he divorced, lonely, loveless and horny, but he has just lost his father and is wallowing in grief; the load is heavy and so is the book which tackles surely too many plots and subplots as the life of his widowed sister, another deeply troubled New Yorker professor, and his own failed love affair with a Jamaican beauty living next door. The story of the father's life would be enough for one book.

But this book is wonderful and profoundly moving as a tale of the agony of such a personal crisis where everything just about collapses in your inner world.

Thus, we have a powerful and very personal sort of auto biography in the guise of a male hero Eric, who is a part of Hustvedt's personality. In her recent auto biographical work," Plea for Eros" , she reveals her journey to becoming a writer and her extraordinary attachment to her Minnesota family of immigrant Norwegian farmers , and also her recurrent dreams of being a man . These dreams of being a man occur in great moments of self doubt and insecurity .Now, what are specifically the "sorrows" of this one American man, who is obsessed with his parent's plight during the depression and their ruin on the farm. A disappeared life from the landscape of Minnesota is his legacy.

First, in this search for a secure identity, there is the loss of an idealized country life in rural Minnesota, a 19th century model of honesty, self help, austere protestant thrift and virtue where everyone lives in harmony with nature. The great American nostalgia for the small farm re appears here with however a flaw: the hidden drama in the father's life, which is the crux of Eric's search and also his obsession. Whatever happened to Lars Davidsen to make him so secretive and silent; who was the father? Eric, the son, looks through the notes and family archives, enlists his sister's help and flies back to Minnesota to interview aged relatives, relentlessly questioning the past till the secret is revealed. The father had apparently an illegitimate baby daughter with his teen ager sweet heart lisa, , who was still born and buried secretly in the woods. The baby, was in fact not his but , of another boy, but Lars helped the delivery and swore to Lisa secrecy about it .. Poor young Lars carried this terrible shameful knowledge, a lone, and assumed the role of the guilty father all his life being truthful to a whorish ex girlfriend .

This knowledge shatters Eric and his sister, the dream of the wonderful prairie life is gone, but still the father, who appears now as a ghost in his dreams, eludes him as our parents inner life always eludes us when we try to see them as they really were. We all have secrets unrevealed to anyone; Eric must tread the path of his adult complicated life on his own, admitting the past mixing with the contemporary: his patients, his new lover, his sister and niece.. This demanding puzzle is what we all have to deal with everyday of our lives


 


 


 

Courlande, de Jean Paul Kauffmann,2009.

Courlande, de Jean Paul Kauffmann,2009.


 

Livre splendide d'un lyrisme étonnant sur un voyage dans une région perdue de l'Europe du Nord, la Lettonie, dont la côte sur la baltique fut anciennement un grand duché de Courlande, occupée par des barons germano-baltes qui descendaient des chevaliers teutoniques . Donc d' un grand passé militaire et médiéval, il reste aujourd'hui après la domination tsariste et puis sovietique, qui laissa derrière elle des vestiges militaires polluant, une série impressionnante de châteaux abandonnés dans de vastes jardins couverts d'arbres gigantesques.

L'auteur s'en va faire un reportage à la recherche d'un pays qui n'existe pas, d'habitants morts, de descendants de serfs révoltés lors de la révolution russe de 1905 qui ne parlent que letton et sont farouches et surtout de la légende qui baigne cette région de forets, de grèves désertes,de villages munis d'églises luthériennes et de musées vides de beaux objets.. Récit fascinant d'un esprit curieux et aventureux, qui rappelle la manière de voyager de Montaigne ou même Chateaubriand dans la beauté du style , les citations, l' émergence de souvenirs historiques et les conversations avec les personnages rencontrés sur la route tel un professeur allemand à la recherches de son père mort au champ de bataille de la terrible guerre de 40. Etrange pèlerinage dans ce pays de lumière étincelante en juin , où il n'y a pas de nuit , peuplé de fantômes qui surgissent d'un passé qui affleure ci ou là, au gré des récits sortis des livres de Keyserling par exemple,ou des recherches de personnages qui apparaissent et disparaissent aussitôt.

Kauffmann nous avait prévenu : la Courlande en tant que région définie n'existe pas, elle est un mystère et même en y habitant en hiver dans la neige et le vent, elle est insaisissable comme l'Ecosse ou les iles Féroé.Nous sommes en Europe mais la substance intérieure historique et stylistique n'y est pas, c'est le contraire de l'Italie . Oui, la Courlande est «  méconnaissable « à ce visiteur pourtant si averti et si cultivé, qui est sensible à sa beauté austère et à son dénuement. Le pays est provincial, seul, et très pauvre et essayant de sauvegarder son passé glorieux .issu de barons germano baltes encore détestés aujourd'hui.

Pays de nullle part qui ne pouvait exister que dans un livre mémoriel et dans le miroitement de l'illusion ; le lecteur est envouté. Livre qui me rappelait constamment les » Mémoires d'Outretombe « dans son style narratif et ses évocations, et l'affleurement constant de l'âme de l'écrivain dans le texte.


 

KAZUO ISHIGURO , NOCTURNES , 2009

KAZUO ISHIGURO , NOCTURNES , 2009


 

This volume contains 5 short stories all in the first person, relating small incidents in the narrator's everyday life where he or she is confronted to the inscrutability of another person ,and thus a very thick ambiguity pervades all these stories. The hero is uneasy and tries to understand what goes on, but in vain. So, he asks himself this question : how can we know anyone really and why our certainties about other s, who often are old friends, keep surging time and again. It is very subtle as Ishiguro always is and this psychological obstacle amongst people is a very troubling feeling.

The reader sees misunderstandings amongst old friends that can be very funny but also very upsetting in the sense that no one really communicates with another properly in Ishiguro's world?. We are alone with our own feelings, our conception of the world and mainly our visions of ourselves . We all seem to live under illusions of what our image can be in the minds of our friends and relatives. Often we are seen as utter fools and if we learn this by chance, we are hurt beyond belief and ache to correct this false image. But in vain; it is irretrievable. no one wants to believe us if we say that we are fine and well. Terrible world but a comical effect is found; I found myself laughing hysterically at some clownish scenes, almost like a home movie of gags. Ishiguro can be very funny indeed and this is a surprise.

This volume is a little like Murakami stories where the narrator is remote, a little on the side watching what goes on around him and making you smile , and even laugh. An exquisite writer, and a careful observer of human foibles and follies, Ishiguro is fascinated by the secret workings of human relationship. Comforting normality does not exist among humans.


 

WHITE TIGER

WHITE TIGER , by Aravind Adiga,2008 , and 2009 Booker Prize,


 


 

Now this book is very funny and terribly cynical in an Indian literature which has not so far given us bitter satire and self derision to that level ; in this sense it is healthy and lucid. The new Indian society is a corrupt ,unfair vastly unequal one, and as incredibly cruel to the poor as the old society.This year, the Oscar winning film " Slumdog millionaire" gave us also ( to the discontent of Indian public opinion) a whiff of that unbelievable cruelty and meanness towards the poor and uneducated. That aspect of Indian culture is always a shock to western readers.The story is a simple poor man journey to success: how to become an entrepreneur in the Silicone valley of India where technology and outsourcing are flourishing : Bangalore; success even if one has committed a murder on the way …. ( he killed his own boss on the road, and stole his money bag )The success of a criminal being part of this wild satire on developing nations like India and China," now that we are in the 21 st century which belongs to the yellow man and the brown man" , as White Tiger ( the hero)says in his letter to the Chinese Premier . Because the book is an epistolary novel , in the form of letters sent to the Chinese Premier, a language that neither White Tiger nor Wen Jiabao can speak. Ha ! In the same vein, the most useful English phrase you must use when being an entrepreneur was indicated to Tiger's by the wife of his late boss, aptly called ' Pink madam : what a fucking joke . That is his programme , his motto is clear : the Indian entrepreneur has to be" straight and crooked , mocking and believing, sly and sincere at the same time" .The auto biography of a half baked Indian, that could be the title of his story ( his words) because these entrepreneurs are never allowed to finish their schooling, which means you have to work when you are 12 years old (Tiger is the son of a rickshaw puller)and lead the life of a indentured slave to your employer. So much humiliation and exploitation of the poor and uneducated is described all throughout his tale as a chauffeur to the rich,that one wonders how more employees do not kill their masters !

Total hatred towards all others even your co workers saturates Indian society ,except for fierce family loyalty that borders on the ferocious and soon tires the reade gets bored It is difficult to keep any level of humor in this atmosphere ; this writer is not a new Dickens with his constant drollery and comical descriptions of diabolical cruelty . He is repetitious in his violently insulting remarks of the Chinese Premier ( the" yellow face " epithet can be satirical) to whom he writes , and in his diatribe against the so called Indian democracy; he hates all the hypocrisy but is not sufficiently bitter to make us care, We finally find all of this tale despicable, grotesque even, not particularly funny because all this societal psychodrama is beyond the pale and appears as a national psychosis. Survival of the fittest and the worst indeed. May be you can only laugh bitterly at Indian globalization crisis or weep .


 

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Brussels, Belgium
Née à Bruxelles, mère résistante et sculpteur, père homme d’affaires, études à l ’Université libre de Bruxelles ( Philosophie et Lettres ; arts primitifs), puis à Harvard ( anthropologie), Rutgers New Brunswick, Duke University .N.C. USA ( littérature comparée, Masters et Doctorat.) Thèse publiée (Ph.D) sur Valéry et Mallarmé. Enseignement universitaire aux USA, en France (Aix en Provence) et au Liban (comme coopérant) ,littérature et philosophie , en français ou anglais. Mariée en premières noces à un avocat américain G.Robert Wills et puis à un peintre et publiciste Français, Jean- Pierre Rhein (décédé). La plupart des publications sous le nom de Wills.Vit à Bruxelles.