Le troisième livre de la fille de Bernard- Henri Lévy suscite évidemment de la curiosité, surtout quand le best seller précédent ' Rien de Grave « paru en 2004, avait bénéficié de l'effet Carla Bruni donc de l'effet » people , comme le disent si ingénument les Français ; en effet écrire un roman autobiographique sur un mariage brisé est sans grand intérêt mais quand la voleuse de mari est une top model archi connue et en plus la future Première dame de France , on tombe dans le coup médiatique de première grandeur . Chapeau ! L'ennui est qu'on n'a aucune envie de lire le roman puisque les shows télévisés et la presse à scandale sont de loin plus amusants … les risques du métier et la starisation du monde littéraire se payent chers. Faut-il prendre cette écrivain au sérieux ?
Bref , ce dernier livre ne m'aurait pas intéressée si ce n'est un récent article du Monde littéraire , dithyrambique ,par un journaliste avare de louanges ( quoique ami du célèbre père de Justine Lévy) reconnaissant à l'oeuvre une grande beauté et une profondeur psychanalytique. Diable, de quoi s'agit-il ?
C'est une sorte de confession- thérapie sur la perte de la mère : la mort lente et dévastatrice du cancer évidemment, la pire épreuve qui soit étant de contempler cette atrocité au pour le jour : l'héroïne (Louise) seule au chevet de cette mère adorée et détestée à la fois , en serait brisée si ce n'était la grossesse qu'elle découvre et qu'elle n'ose pas annoncer à sa mère mourante . La nouvelle vie (une petite fille ) va donc remplacer une vie disparue , mais ce n'est pas si simple . Louise se voit de plus en plus comme mère de l'agonisante, et est honteuse de porter un enfant de remplacement ; en plus elle craint plus que tout de devenir une mauvaise mère comme elle se croit être une « mauvaise fille «vis à vis de cette mère horrible sous tous rapports » qui ne l'a pas élevée , l'a quasiment abandonnée et en plus l'a culpabilisée à mort . Le fameux couple sado- masochisme a rarement été aussi bien décrit : c'est bouleversant et interpelant car le style haletant, la langue parlée brutale , saccadée et volontairement populaire de Justine Lévy est terriblement efficace. La lecture en est épuisante, physique , et même l'exhibitionisme patent de ce genre de roman- Réalité ( copié de la vie vêcue)d'une personne célèbre et cherchant à l'être ,ne gène pas le ressenti de la douleur. C'est un livre de Douleur et de Perte ; c'est probablement ce qu'elle a écrit de meilleur.