Cet écrivain danois très connu dans son pays, s'est rendu célèbre par « Eté Indien « , qui est aussi devenu un film culte , il y a quelques années.
Il a le don du polar intelligent et psychologique du genre soft , sans violence affichée et sans sadisme étalé , et ici il s'attelle au problème de la culpabilité à retardement : comment vivre avec le poids de la faute passée. Son héroïne est une jeune danoise , fille au pair indélicate et profiteuse ,mais non- délinquante ,qui a participé aux attentats terroristes en Allemagne d'un groupe ressemblant à la bande à Baader , donc des tueurs patenté, dans las années 1970 . Vingt ans après les faits, cette Sonja qui avait accepté sans réfléchir de conduire la voiture des terroristes fuyards , dont l'un est son amant , est maintenant mariée et installée dans une banlieue chic de Copenhague. Lisant dans les journaux que les coupables réfugiés en Syrie depuis des années , vont finalement passer en jugement en Allemagne , elle décide d'y aller avec son ami. (en trompant son mari, qui ne connait rien du passé de sa femme évidemment) . Une héroïne plus antipathique est difficile à imaginer ; non seulement son aveuglement passé lui saute aux yeux tardivement mais une culpabilité assortie de dégout de soi même l'assaillent trop tard . A quoi sert de regarder ses anciens amis , sans oser les rencontrer ,ou d'aller trouver l'épouse d'une des victimes, sans s'excuser ou se dénoncer aux autorités et payer sa dette à la société ? Elle erre silencieuse et honteuse, se remémorant son indifférence criminelle de jeunesse ; bref le portrait du lâche insupportable qui reste bien en deçà, au chaud, sans rien dire.
Nous en verrons plus d'un dans las années à venir, des terroristes vieillissants. Celle-ci est pathétique, feint de mettre toute sa passivité sous le compte de la dépression existentielle ou de la mélancolie congénitale . Peinture affreuse , très subtilement faite d'un personnage inédit et sans espoir , qui ne peut que contempler le temps qui fuit et le passé qui ne disparait jamais car nos actes nous suivent tandis que nous lecteurs , ne pouvons évidemment pas qualifier de tels anti héros de personnages tragiques ou ignobles ( comme Saddam par ex ) car ils n'ont même pas reconnu publiquement leur rôle immonde dans des assassinats aveugles et imbéciles. Ils ne comptent pas ,ils ne sont rien, ils ne sont que des zombie dangereux qui vivent pour rien. Enfin, imagine-t-on un personnage » aux mains rouges « , aussi vil que celle-ci , qu'on pourrait fréquenter tous les jours au magasin du coin ?
Grondahl nous laisse tirer la morale de son récit nous-mêmes et nous donne ici une histoire contemporaine qui va devenir bientôt tout à fait habituelle dans nos sociétés : le terroriste à la retraite ; incroyable issue à un problème non résolu mais que cet écrivain nous révèle brillamment.