Book reviews Critiques littéraires Books recently published in english and french.

mercredi 23 février 2011

Andrei Makine, Le Livre des brèves amours éternelles, Seuil ,2011

Chacun de ses livres est un bijou, de par la langue qui est si belle, le ton poétique et la délicatesse des instants de vie évoqués . Andrei Makine , né en Sibérie, est un grand écrivain français , qui évolue dans une zone d' une délicatesse de dentelle et de rêve éveillé devant le monde qu'il arrive à trouver beau et éblouissant envers et contre tout .Car le narrateur est un russe qui a connu l'ère soviétique, un orphelinat sinistre et même les travaux forcés (càd le goulag) et qui donc a beaucoup souffert et appris à voir les moments de beauté et de ravissement qui existent dans toute vie, même déshéritée ,comme fut la sienne dans sa jeunesse. Ses histoires sont exquises et souvent tristes, précisément à cause des ces moments minuscules et épiphaniques qu'il met en scène parfaitement en les décrivant sans artifice et en y revenant à plusieurs reprises durant le récit ou parfois dans une histoire ultérieure .

Nous l'accompagnons au cours d'une excursion dans un désert asiatique et soviétique ; il se trouve à marcher avec une amie d'enfance au milieu d'une pommeraie géante s'étendant sur 30km2 ( la plus grande du monde !) dans un nuage lumineux de blancheur étincelante : un rêve et une quasi hypnose de ravissement le saisit ,qu'il n'oubliera jamais . C'est un moment inouï , ce qu'il appelle justement une de ces » brèves amours éternelles » … que son amie,écologiste enragée , coupe furieusement en déclarant que tous ces arbres fruitiers sont nuls et stériles car ils ne porteront jamais de fruits , étant plantés à des dizaines de Km de toute abeille ou ruche… c'est encore une imbécilité soviétique de plus , dit-elle, avec tous ses travaux pharaoniques abandonnés .C'est tout à fait vrai. Le narrateur Proustien en fera néanmoins, un de ses trésors de la mémoire involontaire qui forment le tissu de son âme de poète et y repensera souvent en retraversant en avion cette région par exemple des années plus tard, même après la mort accidentelle de son amie (qui n'était d'ailleurs pas sa petite amie). Beaucoup de ces moments sont évidemment liés à des attirances sexuelles juvéniles mais pas toujours, et il n'y a aucune sentimentalité facile ici, mais surtout des moments de grâce et de beauté qui combinent le beauté fugace de certains endroits et certaines saisons avec une sensibilité émotionnelle très russe et sensible à la souffrance des êtres .Chaque moment évoque le passé russe douloureux de sa génération que Makine chérit malgré tout car ce régime atroce l'a élevé et nourrit, lui a appris le travail bien fait et l'ère sovietique fait partie intégrante de l'histoire de sa patrie , même s'il abhore naturellement les nouveaux russes produit par la capitalisme actuel .

Ce livre est admirable d'un bout à l'autre.un recueil de contes moraux.

mercredi 9 février 2011

Sebastien Barry, Le Testament cache, Folio 2009


Cet écrivain irlandais a gagné un prix prestigieux, Costa, pour ce roman qui a par ailleurs été mis en liste pour le Booker Prize en 2009. Livre remarquable et bouleversant par le laconisme des vies ruinées dans le paysage torturant des guerres de religions qui ont secoue l'Irlande pendant tout le 20ème siècle .
L'héroïne, Roseanne, est une centenaire solitaire et sans famille, dans une institution ,qui se souvient de sa vie tragique et écrit un manuscrit qu'elle cache sous le plancher, car laisser une trace est devenu capital pour elle. Son psychiatre, le Dr Grene, est le héros qui lui fait face en essayant de reconstittuer sa vie pour la placer dans un nouvel asile, sexagénaire lui même et angoisse par son métier et l'abandon affectif de son épouse qui finit par mourir, Le roman baigne dans la mort, la haine religieuse et les assassinats de patriotes et revanchards de l'IRA , excepte malgré tout ,les 2 héros qui se rappellent pourquoi le bonheur humain leur a échappe, par des fautes stupides et impardonnables dans le climat atroce de l'époque qui était voisin de la cruauté aveugle des fanatiques islamiques d'aujourd'hui.
Tout ce que nous connaissons de l'Irlande confirme la véracité du récit, surtout la cruauté implacable des ordres religieux qui dominaient la vie des familles comme au moyen âge. Roseanne, étonnante survivante, est bannie par son jeune époux qu'elle adorait car elle a eu un rendez vous vous innocent,non adultérin, avec un patriote protestant qui a été sauvé, il y a longtemps par son père qui lui même fut exécuté par des catholiques devant ses yeux d'enfant ... Malheureusement, ce rendez vous a été espionné par le prêtre de sa paroisse et cela ruinera la vie de cette pauvre fille qui se voit mise au banc de la société, dont le mariage sera annulé sans qu'elle puisse se défendre. Tout ce récit tragique rappelle le sort des femmes lapidées en Afganistan ou en Iran, ou jetées a la rue comme des ordures: elles sont terminées littéralement.
Roseanne ne s'en remettra pas et deviendra folle, noyant son enfant qu'elle va accoucher seule dans une tempête de vent hivernale; certainement que l'hopital du coin n'admettait pas les filles non mariées ... Manifestement, ceci ne passerait pas dans un roman actuel a cause du Melo insupportable, mais dans l'atmosphère de l'époque en Irlande { entre les 2 guerres }, au milieu d'une confession entrechoquée de souvenirs a moitié effacés que les recherches du psychiatre vont corroborer par des archives, cela va loin et heurte au plus profond. La méchanceté et la cruauté humaine sont insondables , surtout chez les religieux curieusement, et les victimes sont souvent silencieuses, ne sachant ou ne pouvant pas s'exprimer. Un psychiatre athée est évidemment un miroir terrifiant de la réalité cachée.


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vendredi 4 février 2011

Lisa Genova, Still Alice, Pocket books, 2009


This the tale of a female Harvard Professor of cognitive Psychology who gets Alzheimer desease at age 50 , which is early. This unfortunate woman has to face the loss of her professional stature and work, the loss of her mind and memory and basically the loss of her identity.. It is perfectly awful , an unrelieved punishment as a decline and we see that her immediate family is as starkly hit as she is herself.This is meant to be an exemplary book, but I have qualms about this.
Now the beginning of the illness takes place when the patient is completely conscious and sees herself forget, become confused and lost in a shameful way to her own eyes; she is horrified and disbelieving at first . Soon, she does not dare to teach any more or even go to any academic conferences because she does not trust herself and her reactions. Mostly she is confined at home and has nothing to do except reading, which becomes increasingly difficult ( the letters move and jingle about } or make some physical activity which must be supervised since she can cause damages to herself or others in no time at all.For example, getting out of moving cars, leaving the gas stove on, losing keys, messing up computers or cell phones etc... are common occurences as if a 2 year old was alone in the house. The husband becomes inevitably exasperated and stays later in the office every day, the grown kids are horrified and protective but have their own life to run, and pretty soon the patient does not recognize any one clearly and lives in a merciful daze...help groups can assist a little bit in every day life, but must be accompanied also.
What is one to do in a situation like that ? The author maintains that Alice remains herself throughout till the end of the process, although we do mot witness the death of the patient; we see however that Alice has become by now entirely passive ,almost a vegetable and does not live any kind of active life. She refers to her husband as "the man" and her daughter Anne as " the Mother " in her confused interior monologues.. poor thing, and she smiles idiotically . The illness makes the autonomous individual disappear and nothing is more terrible than that stage . Alice is being transported forom one place to the other, fed and clothed as if she were an object and (this is terrifying) does not seem to mind...She smiles, she does not suffer any more, she is even probably happy...
The reader as a witness , is awe- struck and revolted at the same time : why live another 10 years in that condition , under the compassionate and tired eyes of the poor suffering family ? It should be possible to give such patients , if they express the wish, a magical pill to go to sleep and die peacefully.No one wants to be such a pathetic burden to their loved ones.
Pascal says it forcefully : Man is a thinking animal, it is his only attribute really. Others who used to love you as a well person can often start to secretely hate you out of sheer exhaustion when faced with an endless illness and unredeemed dumbness. Alice has become a dumb woman, that is the worst, because her brain is gone.


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Qui êtes-vous ?

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Brussels, Belgium
Née à Bruxelles, mère résistante et sculpteur, père homme d’affaires, études à l ’Université libre de Bruxelles ( Philosophie et Lettres ; arts primitifs), puis à Harvard ( anthropologie), Rutgers New Brunswick, Duke University .N.C. USA ( littérature comparée, Masters et Doctorat.) Thèse publiée (Ph.D) sur Valéry et Mallarmé. Enseignement universitaire aux USA, en France (Aix en Provence) et au Liban (comme coopérant) ,littérature et philosophie , en français ou anglais. Mariée en premières noces à un avocat américain G.Robert Wills et puis à un peintre et publiciste Français, Jean- Pierre Rhein (décédé). La plupart des publications sous le nom de Wills.Vit à Bruxelles.