Book reviews Critiques littéraires Books recently published in english and french.

mercredi 9 février 2011

Sebastien Barry, Le Testament cache, Folio 2009


Cet écrivain irlandais a gagné un prix prestigieux, Costa, pour ce roman qui a par ailleurs été mis en liste pour le Booker Prize en 2009. Livre remarquable et bouleversant par le laconisme des vies ruinées dans le paysage torturant des guerres de religions qui ont secoue l'Irlande pendant tout le 20ème siècle .
L'héroïne, Roseanne, est une centenaire solitaire et sans famille, dans une institution ,qui se souvient de sa vie tragique et écrit un manuscrit qu'elle cache sous le plancher, car laisser une trace est devenu capital pour elle. Son psychiatre, le Dr Grene, est le héros qui lui fait face en essayant de reconstittuer sa vie pour la placer dans un nouvel asile, sexagénaire lui même et angoisse par son métier et l'abandon affectif de son épouse qui finit par mourir, Le roman baigne dans la mort, la haine religieuse et les assassinats de patriotes et revanchards de l'IRA , excepte malgré tout ,les 2 héros qui se rappellent pourquoi le bonheur humain leur a échappe, par des fautes stupides et impardonnables dans le climat atroce de l'époque qui était voisin de la cruauté aveugle des fanatiques islamiques d'aujourd'hui.
Tout ce que nous connaissons de l'Irlande confirme la véracité du récit, surtout la cruauté implacable des ordres religieux qui dominaient la vie des familles comme au moyen âge. Roseanne, étonnante survivante, est bannie par son jeune époux qu'elle adorait car elle a eu un rendez vous vous innocent,non adultérin, avec un patriote protestant qui a été sauvé, il y a longtemps par son père qui lui même fut exécuté par des catholiques devant ses yeux d'enfant ... Malheureusement, ce rendez vous a été espionné par le prêtre de sa paroisse et cela ruinera la vie de cette pauvre fille qui se voit mise au banc de la société, dont le mariage sera annulé sans qu'elle puisse se défendre. Tout ce récit tragique rappelle le sort des femmes lapidées en Afganistan ou en Iran, ou jetées a la rue comme des ordures: elles sont terminées littéralement.
Roseanne ne s'en remettra pas et deviendra folle, noyant son enfant qu'elle va accoucher seule dans une tempête de vent hivernale; certainement que l'hopital du coin n'admettait pas les filles non mariées ... Manifestement, ceci ne passerait pas dans un roman actuel a cause du Melo insupportable, mais dans l'atmosphère de l'époque en Irlande { entre les 2 guerres }, au milieu d'une confession entrechoquée de souvenirs a moitié effacés que les recherches du psychiatre vont corroborer par des archives, cela va loin et heurte au plus profond. La méchanceté et la cruauté humaine sont insondables , surtout chez les religieux curieusement, et les victimes sont souvent silencieuses, ne sachant ou ne pouvant pas s'exprimer. Un psychiatre athée est évidemment un miroir terrifiant de la réalité cachée.


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vendredi 4 février 2011

Lisa Genova, Still Alice, Pocket books, 2009


This the tale of a female Harvard Professor of cognitive Psychology who gets Alzheimer desease at age 50 , which is early. This unfortunate woman has to face the loss of her professional stature and work, the loss of her mind and memory and basically the loss of her identity.. It is perfectly awful , an unrelieved punishment as a decline and we see that her immediate family is as starkly hit as she is herself.This is meant to be an exemplary book, but I have qualms about this.
Now the beginning of the illness takes place when the patient is completely conscious and sees herself forget, become confused and lost in a shameful way to her own eyes; she is horrified and disbelieving at first . Soon, she does not dare to teach any more or even go to any academic conferences because she does not trust herself and her reactions. Mostly she is confined at home and has nothing to do except reading, which becomes increasingly difficult ( the letters move and jingle about } or make some physical activity which must be supervised since she can cause damages to herself or others in no time at all.For example, getting out of moving cars, leaving the gas stove on, losing keys, messing up computers or cell phones etc... are common occurences as if a 2 year old was alone in the house. The husband becomes inevitably exasperated and stays later in the office every day, the grown kids are horrified and protective but have their own life to run, and pretty soon the patient does not recognize any one clearly and lives in a merciful daze...help groups can assist a little bit in every day life, but must be accompanied also.
What is one to do in a situation like that ? The author maintains that Alice remains herself throughout till the end of the process, although we do mot witness the death of the patient; we see however that Alice has become by now entirely passive ,almost a vegetable and does not live any kind of active life. She refers to her husband as "the man" and her daughter Anne as " the Mother " in her confused interior monologues.. poor thing, and she smiles idiotically . The illness makes the autonomous individual disappear and nothing is more terrible than that stage . Alice is being transported forom one place to the other, fed and clothed as if she were an object and (this is terrifying) does not seem to mind...She smiles, she does not suffer any more, she is even probably happy...
The reader as a witness , is awe- struck and revolted at the same time : why live another 10 years in that condition , under the compassionate and tired eyes of the poor suffering family ? It should be possible to give such patients , if they express the wish, a magical pill to go to sleep and die peacefully.No one wants to be such a pathetic burden to their loved ones.
Pascal says it forcefully : Man is a thinking animal, it is his only attribute really. Others who used to love you as a well person can often start to secretely hate you out of sheer exhaustion when faced with an endless illness and unredeemed dumbness. Alice has become a dumb woman, that is the worst, because her brain is gone.


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mercredi 26 janvier 2011

Christine Angot, Les Petits ,Flammarion , 2010

Cet écrivain a scandale et très douée , depuis son fameux "L' Inceste" en 1999 , écrit beaucoup. Cette dernière oeuvre est frappante par sa lucidité et son impitoyable analyse d'un type de femme tyran appelée en anglais "control freak' qui a le pouvoir de détruire. Que fait elle, on va le découvrir .
Tout d'abord le style télégraphique de petites phrases courtes, en cascade, mal connectées (probablement par choix) est extrêmement désarçonnant. Angot refuse la narration et décrit en sociologue; il faut l'accepter. Le scénario est simple: une jeune femme francaise raisonnablement séduisante, sans qualifications particulières décide de se mettre en ménage avec un musicien martiniquais, type relax et gentil. A priori, rien de dangereux, elle n'est pas raciste; mais ils sont pauvres et font plein d'enfants. Les problèmes pour "les petits" (les sans moyens), quand ils surgissent sont insolubles car on est oblige de survivre tous enfermés dans le même appartement.
La femme est une impitoyable tyran domestique qui régente tout et tous, sans arrêt et sans répit. Une psychopathe, a éviter a tous prix et le pauvre homme n'a rien vu venir. L'amour a disparu depuis longtemps évidemment.
La dégradation de ce ménage a cause de la violence des querelles, et la presque ruine des enfants, qui sont adorables, est décrite parfaitement jusqu'à la mise en prison du mari et la défaite de ses visites parentales.
Il adore ses enfants, et on souffre avec lui. A ce moment du récit, le style froid d'Angot devient plus empathique et plus liant heureusement, ce qui retient le lecteur car le roman devient Dostoievskien.
Il y a tout un monde de maris non européens, rejetés et démunis de leurs droits par la justice francaise que l'on découvre ici et il est terrible. Ce livre étonnant vous le fait découvrir. La justice est pour les mères où les maris qui sont les plus atroces dans leur délire de puissance pousses par leur psychose. La fin de la vie normale d'enfants innocents est programmée.
C'est terrifiant et scandaleux car on sent très bien l'enquête sérieuse qui a été faite ici de ce cas emblématique; cela est fréquent. Les bons avocats sont chers, ne l'oublions pas. Il ne faut pas être pauvre.

Merci à Christine Angot.




Location:Bergmansbeekweg,Grimbergen,Belgique

mardi 25 janvier 2011

Avraham Yehoshua, Un feu Amical, livre de poche, 2007

Cet écrivain est très connu en Israël et y a reçu plusieurs prix , et il est remarquable . Un réaliste de la vie de tous les jours, cad la vie de famille, l'amour conjugal , l'amour des enfants et le travail dans une société en guerre . Une société sur le qui vive, confrontée au constant terrorisme moyen oriental et vivant le plus normalement possible; ce sont des gens qui nous aussi fascinent, très différents du reste des Occidentaux si gâtés, narcissiques , pleins d'ennui de vivre. Les Israéliens ne se plaignent pas, ils assument en bloc.
Ici, il s'agit d'un couple d'une soixantaine d'années,Daniella et Yaari , solide, solidaire s'aimant et se préoccupant des enfants, petits enfants et de la survie en général de la famille. Le dIls n'ont pas fini de se battre , le drame de leur existence a été le meurtre de leur neveu, tué a l'armée par un 'feu amical' cad un autre soldat israélien qui l'a tué par erreur .Imagine-t-on pire sort que celui la, pour les parents survivants de ce jeune homme ?En conséquence, la mère en est morte de chagrin et le père s'est exile en Tanzanie pour y faire de l'anthropologie , essayer d'oublier le tragique sans fin de son pays d'origine.
.L'héroïne Daniella va donc visiter son beau frère esseule en Afrique et laisse son mari seul pendant une semaine a Tel Aviv. Certainement Israel et l'Afrique se ressemblent par leur aspect pionnier et dangereux de sociétés sur la brèche, ne parvenant pas a atteindre la normalité et un confort relatif .Leurs habitants doivent être courageux , sans peur et sans récrimination . A Tel Aviv par ex le fils de Daniella qui de grosses responsabilités d'affaires dans la boite familiale est réquisitionné par l'armée pour y faire un service de relève et y être puni d'avoir triche sur ses obligations militaires , donc en prison,,,
Ceci nous fait réfléchir sur nos sociétés européennes , sur- protégées , sans service militaire, sans armée, et comptant sans vergogne sur l'armée US pour les défendre... la belle Union européenne que nous avons la. Qui sommes nous vraiment sinon des consommateurs effrénés sans responsabilite civique aucune ? On n'est pas fier , véritablement , en se comparant a ces sociétés qui se battent sans relache pour exister et ne comptent que sur elles mêmes.
C'est justement cette realite étrange, un peu ex-centrée , pleine d'humour et de projections bibliques et historiques dans laquelle vivent tous ces personnages , qui donnent au monde de Yehoshua une saveur et une prégnance rare . Un très beau livre rempli de souffrance et de vie intense , drole et au fond un exemple pour tous les grands' parents se sentant inutiles sans l'être vraiment.La vie n'est que bataille et survie.


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Location:Route de Lennik,Anderlecht,Belgique

jeudi 30 décembre 2010

Eric faye , Nagasaki, Stock, 2010, Prix du roman de l’académie française

Ce petit ouvrage est un chef d'œuvre de concision , de sobriété et de tragique absolu qui se déroule au Japon, dans la ville de Nagasaki . Que fait-on quand on est sans logis et en fin de droits, voilà une question qui se pose dans tous les pays avancés où les personnes de 50 ans sont larguées par le systeme et ont trop honte pour rester dans leur ancien quartier . On erre à l'aventure et on essaie de survivre ; on peut tomber sur une habitation vide la plupart du temps où on peut s'y infiltrer tranquillement. C'est ce qui se passe ici , mais ce n'est pas une action anodine même si l''intrus est d'une discrétion absolue et ne prend rien ni n'abime rien. Immédiatement on se heurte à la violation du domicile et de la personne qui a le droit de se sentir seule et non espionnée, surtout dans les sociétés occidentales( dont ls Japon fait partie ) où l'autonomie et vie privée sont mises en valeur. L'intrus , condamnée, fera 5 mois de prison .

Le personnage Shimurra qui a été violé dans son intimité ( quoiqu'il vivie seul) est tellement perturbé quand il éecouvre cette clandestine grace à un webcam, qu'il doit quitter son domicile et déménager.Shimura est un isolé qui a abandonné tout lien social quasiment mais il veut etre seul , tranquille chez lui et il a été très déstabilisé . Nous ne le voyons que de l'extérieur, mais nous comprenons l'importance capitale d'un domicile privé dans une vie humaine.

La deuxieme partie nous livre l'âme de l'intruse sans logis, qui veut s'expliquer par une petite confession. Elle a 58 ans et n'est nullement criminelle . Elle a adoré habiter dans cet appartement tranquille et s'y reposer dans le calme. Elle a tout regardé et fouillé tout, mais elle a respecté le lieu. Tous ses malheurs proviennent de 2 choses dans sa vie : avoir été obligée de quitter la maison familiale à 8 ans et avoir perdu ses parents à 16 ans , dans un glissement de terrain.Tout s'est écroulé et rien dans sa vie n'a tenu, elle a même été une revolutionnaire rouge …

Mais la maison de Shimura a été un baume inespéré , un paradis retrouvé, car c'était la même maison perdue de son enfance qui existait toujours .. Notre héroine n' a pas honte de ce qu'elle a fait .Non, elle avait plus le droit d'y être que Shimura lui-même car elle l'aimait cette delicieuse maison, le plus profondément des deux , ayant même retouvé sa chambre de petite fille d'où elle regardait tout Nagasaki ! Proust ne parle que des lieux si profondément mythiques de son enfance d'où toute son œuvre procède, et nous savons tous que la perte de domicile est la plus indéfendable des tragédies sociales actuelles.Ne pas être pauvre est impératif, voilà la raison d'une survie possible

Que dire à cela ? Ce petit livre est une merveille et sans aucun prosélytisme,ou humanitaire larmoyant ; parfait ,troublant et désolant au cœur du lecteur.

mercredi 29 décembre 2010

Ian Mc Ewan, Cement Garden,1978 and Vintage, 2006

One of his earliest books and already a socially potent work of a future tragic novelist of our day ; it is about the dissimulated death of a Mother by her 4 kids who bury her in the basement. This horrendous tale is precipitated as always by a crisis which has been long standing : the state of psychotic isolation of a family even when both parents were alive.No neighbors, no friends, no family or relatives around them .Mc Ewan knows the working class and its poverty when either enemployment or psychopathic behavior strikes ; here the father who is feared by all and a loner decides to cement his tiny garden so that no unsightly grass will ever grow again… No one opposes him but luckily he dies accidentally a little while after. The mother, more human , but weak , becomes ill probably with cancer and slowly dies one day in her bed. The horrified kids , unable to face social services , decide to bury her corpse under a pile of cement and not mention her demise .Anti social,un-civilized,incestuous, dabbing in drugs, they start a sort of anarchic communal life where no one works, goes to school or respects any order . Soon a state of decayed civilisation , a phenomenon that fascinates Mc Ewan installs itself in this un- hinged social unit headed by the whorish older sister.

This is the remarkable aspect of this atrocious story which eventually ends up with the arrival of the police and its punishing arsenal on the premises : the cadaver of the Mother had been glimpsed through the fragmented cement in the basement…Can one imagine any thing more macabre or gory , yet, the tale is sober, not dramatic but cold, detached, almost claiming a normalcy for a group of abandoned children never reared properly, left to unavoidable savagery and vagrancy , without guidance or adult authority at all .A poignant fake family is there , in front of our eyes.

These families are not that uncommon apparently in our urban jungles, with whites , Irish or immigrants alike, who just drift and fall into crime almost by chance and survive,ignored by all. » Cement Garden » a beginning opus of note for Mc ewan , a future writer of great dramatic strength who would be giving the amazing « On Chesil Beach » 20 years later.

    

mardi 28 décembre 2010

Michael Cunningham , By night Fall, fourth Estate, London, 2010

A Typical tale of the mid fourties, or identity crisis , which takes place amongst well off New Yorkers who wander about the level of success in their lives so far, and how happy they really are . It is quite insufferable , very narcissistic , even exasperating when one thinks of the amount of real suffering that takes place routinely everywhere on this earth.What is it about ?

Well, it is an excellent book, marvelously funny in the dialogues and portraits taken from the contemporary art scene in New York, where the main character Peter, operates professionally and survives tremendous competition since he is a middle range gallery owner and not a top notch one. The cynicism necessary to this job is as amazing as the amount of money required to buy the horrendous objects offered as » oeuvre d'art »,  to these international collectorsthat we meet, especially the Chinese ones . That aspect alone justifies reading the book , viewing this world of sharks and fools, » nouveaux riches », every everyone of them,who can only outdo the next person as rich as them.

The problem in the hero's life is a beautiful boy, ( his bother in law actually), in his twenties : idle ,homeless, jobless, a dilettante, a wasted youth who takes drugs , foot loose and unable to occupy himself …. he appears as a house guest , and is naturally an homosexual temptation . Jesus , another one of those homo dramas which constantly obsess writers these days and harrass the reader , one could scream .Well, Peter enjoys a multiple crisis ; he questions his private happiness as a husband of a quite remarquable and snobby wife but also questions the point of his grotesque work that eventually appears to him as a fraud and a farce …he thinks that he loves the boy . He is lucid but dumb at the same time  , thinks of fleeing to a greek island with Mizzi, the beautifu lboy,,as a solution to his unease, What a pathetic joke this is really !

The real drama of his and his wife's life exists though in the guise of their daughter, who has become at age twenty, a decided failure ; she is a bar maid in Boston, having dropped out of college and living with an unemployed fat female loser . None of the two parents can talk to her and make her change her mind ; she wants to be a nothing and be a living contrast to her parents lives, and refuses to talk . It is utterly sad and without answer , an horribly silent suffering : the failed parents syndrome in all its horror is exposed here nd hurts deeply.Cunningham depicts a certain breed of highly educated people who seem to exist in our western cities, urban adults who behave like adolescents , selfish and spoiled in an unconscious world of their own. Why is our civilization arrived to such a failed state, an utter decadence bordering on the absurd ? Or is it the fate of all decaying civilizations to abandon their children , one could ask. Well, probably : no one has raised them really.

A tough read but entertaining nevertheless , and also a tragic novel as so many of Cunningham books are in their aftermath .An author of the deep difficulty of being.

lundi 22 novembre 2010

Virginie Despentes, Apocalypse Bébé, Prix Renaudot 2010

Ce roman est le dernier né de la papesse de la littérature Thrash et aussi du lesbianisme militant, le tout dans un polar quasi underground où une petite lycéenne, Valentine, disparait, recherchée par 2 femmes détectives dont l'une est terrifiante et l'autre idiote (des gouines branchées) qui finissent par la retrouver. Le sommet étant atteint quand la gamine fait exploser une bombe cachée dans son vagin à l'intérieur du Palais Royal  à Paris. On pourrait dire que c'est du Houellebeck femelle mais c'est un peu mieux que cela , le style et le vocabulaire sont stupéfiants de crudité pour un lecteur moyen qui a du mal à déchiffrer ou saisir les expressions idiomatiques de ce milieu , mais c'est tordant , drôlissime et complétement déjanté.

On se demande malgré tout, pourquoi écrire un tel livre comme objet littéraire et surtout pourquoi lui donner un Prix qui est quand même prestigieux ? Cet écrivain a l'air intelligente, elle affirme être souvent déprimée, est capable d'un regard critique aigu sur la société bourgeoise, se préoccupe par ailleurs de la cause lesbienne qui serait un problème social à ses yeux .Bref, tout cela n'a que peu d'intérêt et a été mieux fait par Michel Houellebeck précisément, et on peut regretter qu'un personnage tel que la Hyéne par ex . qui est de loin la création la plus remarquable du roman, en soit réduite à faire des opérations de police assez minables et se livrer à des orgies lesbiennes genre film porno , dans les bas fonds du Barcelone .. Il y a quand même un réel talent chez Despentes qui pourrait la mener vers le monde de Dostoïevski par exemple, plutôt que de se complaire dans des personnages aussi plats et vulgaires que ces créatures issues finalement de l'envers de la société de consommation. Il n'y a aucune conscience du mal, de souffrances incurables ou même de courage social devant la transgression chez ces bonnes femmes, juste une sorte de consommation banale de petits orgasmes de groupes.C'est affligeant .

Il y a eu déjà de meilleurs récits sur le Terrorisme urbain , mais il est vrai que le terrorisme adolescent est peut être une nouveauté, mais on y croit à peine, car le personnage de Valentine est assez mal cerné, cette petite a peu de consistance : elle est une gamine sans repéres, que sa mère a abandonnée mais que la grand mére gâte outrageusement . Cependant elle est en souffrance. Un épisode savoureux est sa recherche de sa famille maghrébine car cette mére fantasmée est une Arabe qui se cache en bourgeoise française .. la visite en banlieue est très drôle , assez cruelle , pathétique ,mais pleine d'une grande finesse psychologique.Il y a quand même de tres beaux fragments dans ce roman thrash qui trace un portrait délirant d'une certaine jeunesse ni bougeoise, ni prolétaire, mais zombiesque, accrochée à ses textos , à sa musique merdique et sa sexualité facile et moche.Ce n'est pas tragique mais c'est certainement la photo d'une jeunesse perdue dans une société terriblement dégénérée , qui refuse tout futur .On ne dit pas «  Yes, we can «  maisbien «  No, we don't ».

!

 

dimanche 14 novembre 2010

Chantal THOMAS , Le Testament d’Olympe, Seuil, 2010

Personne ne connait le 18 e siècle comme Chantal Thomas et ne sait recréer l'atmosphère trouble de cette période où la misère la plus abjecte côtoyait le luxe le plus raffiné dans la même rue ou dans la même famille ; nous sommes vers 1750 , moment terrible de la guerre de Sept ans, de la misère populaire, du déclin de la popularité du roi où chacun se bat pour survivre; la France d'alors ressemble à un pays du moyen orient dans sa sauvagerie primitive. Il y a deux personnages féminins, deux sœurs Apolline qui ira au couvent et deviendra préceptrice et Ursule, qui s'évade de la maison paternelle et deviendra une femme galante c.à.d. semi prostituée de riches personnages libertins , sous le nom plus évocateur d'Olympe .Les deux personnages masculins sont de célèbres libertins: le Maréchal- duc de Richelieu, Gouverneur d'Aquitaine, et le Roi louis XV lui-même qu'Olympe rêvait de rencontrer et séduire. Pauvre petite. Une histoire de séduction royale, de triomphe et de ruine inéluctable serait sans intérêt si ce n'était le talent de Chantal Thomas pour recréer l'atmosphère de l'époque (nous lisons un mémoire): l'usage du passé simple, les formes anciennes de politesse et d'insulte, les odeurs, les sons, les scènes de chasse car la forêt était partout, le rythme de la vie mondaine de la cour et de Paris, tous ces codes de conduite qui échappent à Olympe et causent sa perte mais sont ciselés pour le lecteur. Le livre est passionnant surtout par les portraits psychologique du grand libertin raffiné et cynique, le terrible Maréchal tour à tour favori et disgracié, et de l'ambivalent Louis XV, roi de France mal connu passant pour une pale imitation du Roi Soleil, mais révélant une nature profondément religieuse, culpabilisante, alliée à une obsession de la mort et de penchants érotiques débridés visant à éloigner ces démons. Cet amant royal, évidemment incompris par la pauvre Olympe qui manque de finesse et de raisonnement, au contraire de la très intelligente Pompadour qui erre dans les parages. Olympe mourra dans la misère, les femmes ne pouvant survivre que dans les couvents ou le mariage, les enfants mourraient de manque de soins et de nourriture par centaines. Epoque terrible.

Dans son admirable roman précédent, " Les Adieux à la Reine" Prix Femina 2002, Thomas décrivait l'atmosphère raffinée et affolée de Versailles à la veille de le révolution et en même temps un portrait tragique de Marie Antoinette, reine pratiquement abandonnée par les courtisans en fuite, mais reine vue par une de ses lectrices, une femme simple et sans pouvoir, Mme laborde qui l'aimait et l'admirait. Ce point de vue extérieur rendait le livre fascinant et complètement inattendu.

Ici dans ce second roman, le même stratagème littéraire fonctionne fort bien avec le testament qu'Olympe mourante laisse à sa sœur, mais l'héroïne est d'une telle vanité et sottise que son personnage n'atteint pas le tragique de Marie Antoinette, cette en outre beneficie de la connaissance terrible que nous avons tous de sa fuite terrifiante et de sa mort effroyable sur l'échafaud.Olympe confinée au pavillon des cerfs, voulait non seulement être vue à la cour,( impossible car sans statut social) , que son enfant illégitime soit reconnu par le roi ( encore plus insensé) et que la Pompadour soit éliminée.. la pauvre n'avait rien compris, on ne fait pas des scènes de ménage au roi de France , dont on est la maitresse occasionnelle . Cela n'a rien de tragique, c'est ridicule et c'est imprudent , mais elle en mourra.. La fin de l'ancien régime n'était pas encore là, mais la souffrance sociale était terrible.

dimanche 7 novembre 2010

Anna Enquist, Contrepoint , Actes Sud, 2010

Ce septième roman publié par la grande romancière hollandaise est très difficile et admirable car il conjugue une analyse musicale des » Variations Goldberg » de J.S. Bach avec la mort accidentelle , terrible, d'une fille adulte dans la vie d'une mère, qui est évidemment pianiste , en plus d'être psychiatre .Il faut connaitre la musique et sa technique pour comprendre la subtilité du propos car la mère essaie de se guérir de ce deuil tragique en jouant au piano de manière obsessionnelle ces fameuses Variations ; » contrepoint « signifie une superposition de dessins mélodiques, et ici la tristesse paralysante de la mère et le tissu d'angoisse qu'on entend dans le style polyphonique de Bach dont ce sont les dernières compositions se rencontrent étonnamment . Bach mourra d'empoisonnement diabétique ayant écrit la 32 e Variation et le dernier aria , désespéré par la mort de son dernier fils Bernhard , jeune énigmatique . Le contenu hautement émotionnel de J.S. Bach, rarement évoqué ( sauf par Pablo Casals qui qualifia un jour, Bach de « volcan » ) est poignant , évident , dans les Variations, spécialement l'interprétation extraordinaire de Glenn Gould bien connue d'Anna Enquist qui en parle dans le livre ; elles sont d'une aide incroyable dans la lecture du livre qui suit ce cheminement .

Cette femme enchainée à son piano à queue, devant le paysage d'hiver de la campagne désolée, assaillie de souvenirs de vie de famille et de cette vie tronquée non encore accomplie d'une toute jeune femme cherchant sa voie ,pleine de talents : comment dépeindre cette peine indicible et ce désespoir devant une mort idiote ( une fille a vélo, écrasée par un camion..) sauf par une fuite dans une musique difficile et presque inaccessible , mais qui correspond à l'inconscient anéanti et enfoui en lui-même ? le style en est comme toujours chez cet auteur extrêmement sobre, minimaliste même ,tronqué puisque le texte est écrit en contrepoint avec l'étude musicale . Mais c'est remarquable : »la tragédie de la vie de l'enfant se transformait sous les mains de la mère, jour après jour, en une farce effroyable « dit-elle à la fin se rendant compte de l'exercice de volonté que représente cette étude pianistique solitaire qui lui rappelle le conservatoire et ses concours dans sa propre jeunesse . . On a l'impression que chaque phrase a couté sang et eau à cette mater dolorosa austère , sans larmes et sans sanglots, toute intérieure, et dont le » dernier Aria a capo « des variations de Bach jouées au piano, est vu en rève comme «  notre air « , que la mère joue a perpétuité pour sa fille .. . Les fragments de partitions sont imprimés dans le texte, mais ne gênent nullement la lecture.

Un pur chef d'œuvre.

lundi 1 novembre 2010

Howard Jacobson, The Finkler Question, Bloomsbury, Booker Prize 2010

This book is the Man Booker Prize of the Year ( 2010) and it is for the first time given to a comic, very funny book since Kingley Amis, which is something , but it is vastly deceiving because we deal with a very serious book about jewishness and what it means to be a jewish intellectual in a western City ( London) with the metaphysical angst pertaining to the feeling of failure. Apparently being jewish it is a problem as such ; it lies in the collective unconscious and is so pregnant in the very soul and character of all jews that long repetitive novels are inevitable : the reader is all the time irritated by the constant harping on the same themes as well as amused by the grotesque scenes enacted by all the caricature - charged characters.They are unbelievable, you want to kick them, but you don't dare because it would be openly anti semitic. Yes, Jacobson is a tough cookie.

« The Finkler Question » is like a Woody Allen movie, after a while you want to scream because the hero or heroes drive you nuts by their contradictions.There are basically three people, three old friends : Finkler , a sucessful jewish intellectual and media personality, Treslove a british BBC Has -been who wants to be jewish , finally their old wise college professor Libor Sevcik , a rather endearing man . They talk and argue all the time , enjoying themselves hugely till the crisis that sets the story in motion : the death of Finkler's and Tibor's wives, thus the sudden disappearance of love and stability in their lives. We meet head on the awful and relentless question haunting also Woody Allen's cinematic world : how to deal with women and wives and how to live without them ? .It is finally the Woman Question we are reading about in this book ,which becomes especially tragic with old Tibor's final and sinister suicide because he no longer can face the remaining of his old age without the presence of his adored wife.Let me point out here that all human lives find a taste of failure in old age, especially in non- religious societies. It is not a specific jewish stain.

There are long and unnecessary sub plots , weighing the tale down,notably the unbelievable love affair of poor Treslove, otherwise a cheap Don Juan type, who falls for the niece of Tibor a large breasted bewitching creature called Hephzibah , who turns out to be the ultimate jewish mother, but is also quite a courageous woman trying to run a Jewish- english museum in an elegant neighborhood of London, whose ouside walls are unfortunately victims of Muslim slurs, tags and insults in a terrorist plagued city.There are other worse crimes described and an ugly political problem adds itself to the existence of our jewish characters, and Finkler appears to be the best equipped to deal with this in the media and the associations he sponsors. It is all very funny , ironic, tremendously ambiguous, since Finkler claims to be anti Zionist and anti jewish himself, but it is also dramatic and infuriating to witness the effects of the real anti -semitic explosions rampant into immigrants- filled London . It is a horror ,quite as inescapable as XXI st century western urban problems, another dangerous pollution so to speak, that colors the Finkler's Question : what is a politically aware Jew to do in these circumstances ?

Yet the main theme of this book to me , is clear : failure . These interesting and gifted men ; so jewish yet so integrated into our cities cultural lives are unable in old age to wrap up their own personal lives : they failed in their own eyes with women, with their kids, in their chosen profession even , and finally in their own long friendship because of an unforgivable dumb sexual treason at the end . Where is Philip Roth finally ? not far away … Is Howard Jacobson really the «  Jewish Jane Austen »  as he claims to be ? Well, I am not so sure.

lundi 25 octobre 2010

Colm TOIBIN , The empty Family,Viking, 2010

Here is a volume of short stories, some of which are haunting , concise and absolutely perfect in evoking the sense of familial ties so alive at the time of a parent's death, of returing home ( in Ireland in this case ) or the view of a familiar neighborhood of one's childhood and of an empty house…..What makes these stories so great ?  Moments of Time gone by and lived intensely appear all of a sudden in a memory as precise as an engraving , shining and lingering in the narrator's mind , often bathed in nostalgia .Toibin is the master of nostalgia . At his mother's death bed he knows that it is no longer possible to spend more time with her during the summer's holidays, he feels guilty : » …May be, I was not as good a son as my brother and sister were « nd then « .. she was always so dignified and calm .. » There are no tears and no outporing of grief . Just these simple sentences with everyday words, unadorned, functional even, which are marvelously coined and arouse the reader's emotions  in an oblique manner.It is a rare gift .

Proust and James both could achieve a poetic atmosphere and a peak of emotions in the intimate realm but with an impressive syntactic baggage : interminable sentences,cohorts of periphrases and triplicate adjectives in subordonate phrases …all of this required effort and linguistic talent, and a great deal of patience .Toibin here is different, he achieves perfection, a sort of Hemingway lesson of brevity and austerity ,in these very personal short stories, some of which are incredibly short but inscribe themselves in our own memory.

The first stories such as « One minus One », « Silence » and « The Empty Family « are small gems , unique and perfect in a genre : the intimate moments which remain discrete, understated even, but intense. Other stories which deal with gay sexual experiments or even prowesses of adolescence are strange and surprising in their expliciteness and crude descriptions as if the author revelled in his own boldness. But there are exceptions in this vein .One marvelous and tragic story deals with an impossible suffering  : an homosexual love affair between two Pakistani immigrants , illegals, who work like slaves in a horribly repressive country where not a moment of human happiness or dignity is possible, everything happens in the dark and in hiding.  Toibin manages to create a painful suspense in the slow, secretive, mute manner of asiatic cultures, with almost no speech and gestures alone, a moment of human closeness and consolation that elevates this awful tale of woe to an examplary level .

Another story in a totally different domain descibes a wealthy marriage of convenience between an old illustrious titled man and a young poor woman in the London of 1900 ; this is amusing and not dramatic but marvelously studied : in fact it is a small novel of manners with Henry James as a character , appearing naturally as a dinner Guest  and marvelouly entertaining We have here a variety of talents , literary genres , tones of the Narrator's voice , a palette of human experiences and tales which show us what a remarkable and accomplished writer Colm Toibin has become.

mardi 19 octobre 2010

Ann Tyler, Noah's Compass,Vintage, 2010

The latest book of the Prolific Tyler, a novelist and also a gifted sociologist , takes place in Baltimore as usual,but tackles the problem of old age on the one hand and of resignation to one's life in the world , on the other hand. It is a very interesting and a very unusual book.
The theme of acceptance is present in Tyler's work but the wisedom of forming an essential life with no frills is new. The hero Liam is the well known Tyler quirky type,or unreliable eccentric ,but a basically decent older man who finds himself automatically retired when he is fired from his teaching job at age sixty. He is certainly an educated man,but unambitious, a push over, who never involved himself in anything strongly enough to fight for it. So, he had two marriages and three daughters,a sister , one or two friends, but now he finds himself essentially alone in a creepy appartment. Yet,when he is burgled and mugged the day he moves in, and finds himself in the hospital with amnesia, he finds all these people at his bed side caring for him.
So, it is not the theme of loneliness which interests Tyler but the presence in a given american suburban society,of a group of carers or helpers.They are there always. There is thus a strong solidarity which is not so evident in european novels, which are replete with truly lonely characters who live on their own helped by no one.
This desertion does not happen in Tyler's world and it is amazing to see her novelistic families rooted in one place, Baltimore in this case), ignoring globalization , job's uprooting and other disintegrating factors of the modern sphere.It allows for a structural force in her work,reminiscent of nineteenth century's literature but also providing a strong emotional texture and revealing dialogues where her power of observation are evident. No one describes every day life and quotidian conversation as she does in american literature.
When you are entering your sixties, it is better to understand that your romantic life is over and that other values take pre eminence; this is what Liam does .Now, it is rare to see a main character refuse an easy form of narcissism and rise to a level of moral choice. Yes, he can find another job and work again, make himself useful. He does not take pride in this choice but finds natural happiness in a basic american virtue : to live a useful life on one's own. Few European advanced societies can boast of such an achievement in the problem of obliged retirement and subsequent psychological self destruction. .

mercredi 13 octobre 2010

Per Petterson, Out Stealing Horses,Picador, 2005

This Norwegian writer won several prizes in Scandinavia for this novel,which is both a memoir and an WWII epic , which curiously reminds one of The Odyssey by its lyrical evocation of an heroic and elusive father ,always gone away on a long voyage .. The narrator is an old man who, like an hermit, has retired in a cabin in the woods of northern Norway ; the unusual presence of a strange neighbor , who was the brother of his best childhood's friend brings to mind the last summer of his childhood. These summers with his father in the rough,happened during the German occupation , in the countryside of forest and lakes,up north , near the swedish border and they were unforgettable . The boy adored his father,who was an athletic, warm hearted, attractive heroic figure who taught him new skills everyday on horses, boats, forest survival etc and on top of that , led a mysterious erotic life with a neighbor blonde beauty . This summer life was also the antidote to the boy's city life in Oslo with his mother , who like Penelope was relegated in the domestic role, poor pathetic creature .But this paradise of Natural life was shattered by an accidental killing at the neighbor's family and also by the discovery of his father's dangerous activity of underground resistance to the Germans. He was nearly shot .

The narrator is like Telemachus who spent his youth looking for his formidable father always on the run,unseizable, unreachable as all heroes must be, who eventually returned home unannounced and left again probably .. in this case, the father at the end of this fatal summer, sent a final letter of adieux ,left the family in Oslo and disappeared for ever.. We surmise that life was hard and not easy nor glamorous for mother and kids in the city flat and we understand in a way the exile of an old man retiring in the woods looking for peace and simplicity , although we know nothing of his adult life.The tale is sober and unadorned

There are moments of capital importance in all human lives, which take place often in the early years and form our inner paradise : » Out stealing horses « meant riding in the rough the neighbor's horses who was a friend of his father , whom all admired in the small community of summer cabins ,in the gorgeous natural country .The boy was proud of his father and who does not wish really to have an heroic father , even if he abandons you ? Petterson knows however that the price to pay is the discovery of evil and the capacity of suffering brought along with what you could call call pseudo heroic deeds , even if they are immensely appealing. This is a wondeful book, a form of meditation on he power of the past .

samedi 9 octobre 2010

Marc Dugain,L’insomnie des Etoiles, Gallimard ,2010

Depuis «  La Chambre des Officiers »et surtout « La Malédiction d'Edgar » livre fascinant sur le chef du FBI pendant 50  ans Edgar Hoover, on attend de Fugain un roman de complots, de secrets et de perversité politique ou autre bien rôdée. Ce livre-ci ne déroge pas à ces attentes quoique le sujet soit un théme éculé et dont on a vraiment s tout révélé : le nazisme et ses camps d'extermination. Au début on ne se doute de rien et on lit l'histoire incroyable de cette fille Maria, de 15 ans sauvage, abandonnée dans un ferme vide en Allemagne occupée et découverte par un bataillon français,qui va la sortir de ce taudis , la nourrir et la ramener à la santé. Cette première partie évoque la souffrance et le dénuement absolu du peuple allemand en 1944 quand les bombardements incessants des alliés leur tombent sur la tete et la pitié vous saisit. Du gain peint aussi les hommes et officiers français qui périssent d'ennui et tournent en rond dans cette ville dévastée et sans activité . La vie de caserne est terrifiante et leur chef un capitaine Louyre se cherche une énigme à résoudre dans cette Allemagne muette qui, ne parle pas du Führer ni de la Gestapo ni des prisonniers..qu'est devenue la mère, malade mentale enfermée de la petite Maria, et surtout qu'est devenu l'Hôpital de la ville ?

Une enquête mène au médecin chef du fameux hôpital maintenant à la retraite et on découvre toute la théorie nazie de l'élimination des malades mentaux,des handicapés, prisonniers malades etc qu'ils appelaient pudiquement des « morts par faveur « , car tous ces malheureux n'avaient qu'un envie : mourir. Ils furent déportés par trains entiers , et personne ne s'y opposât. La narration est sobre, claire , ressemble à un documentaire et Dugain réussit l'exploit de faire revivre sans ennuyer les lecteurs qui connaissent ces évènements, un passé dont les allemands survivants n'ont ni honte ni remords . le maire et le médecin de la ville admirent encore leur Führer et pour eux, la grande Allemagne victorieuse ne peut avoir été battue par les Alliés . Non ils ne croient pas encore à leur défaite.Elle est impossible et leur psychose continue.

Récit terrifiant et sans fioritures, le capitaine Louyre, après ces découvertes macabres, demande à être démobilisé et quittera l'Allemagne, tout comme le lecteur déboussolé préfère penser au salut de Maria, orpheline abandonnée qui part en France avec le capitaine vers une vie plus humaine  et un pays moins dévasté que l'Allemagne.

vendredi 24 septembre 2010

Erri De Luca, Le Jour avant le Bonheur,Gallimard , 2009

Un écrivain qui est aussi ouvrier et poète, et a mené pendant 12 ans une activité révolutionnaire intense en Italie, ne se trouve qu'à Naples . Il a obtenu le prix Femina étranger en 2002 pour «  Montedidio » qui est le quartier miséreux où il a grandi et il écrit surtout des romans autobiographiques basés sur cette enfance solitaire parmi les pauvres . Son lyrisme et sa sobriété sont telles que cette histoire d'un orphelin , vivant dans une petite cave d'un immeuble pauvre , sous la protection d'un concierge protecteur devient un hymne à l'extraordinaire ville de Naples, splendide et violente ,d'une vitalité inouïe. Ville qui survit à l'occupation allemande et accueille les Américains libérateurs dans un même élan de joie et de roublardise retorse de voleurs incontournables.. on connait tous la phrase typique des mères d'enfants délinquants de Naples : « si non lavora, va a rubare.. !  »On connait moins bien la Camorra des rues de pauvres qui va causer la fuite de notre héros en Argentine, pour échapper à la vengeance maffieuse inexpiable en 1945 , et revenir à l'âge adulte dans sa ville adorée,qui lui a servi de mère et de père.

Le jeune héros a adoré l'école et la lecture et il est devenu poète comme l'auteur de luca lui-même par une bibliothèque qui lui a donné le goût de la transmission et le besoin de participer à l'héritage centenaire de cette ville antique,espagnole,italienne , s'étendant au pied du volcan menaçant et superbe dans son silence. Un très beau livre, plein d'espoir ,de sagesse et de vision humaniste curieusement : grandir tout seul dans un sombre réduit n'est pas un malheur absolu si on sait regarder et si on a un protecteur ...

Pascal Mercier, Night Train to Lisbon , Atlantic books, 2008

This Swiss- German writer is in fact a university Professor of Philosophy in Berlin, but his third novel has become a best seller and righfully so ; it is an excellent novel , totally engrossing ,long and somewhat hard to read. The hero , Raymond Gregorius, resembles the author : he is a old professor of ancient languages who one day, rescues by chance an unknown woman from throwing herself down a bridge . She holds a portuguese book in her hand which will fascinate Gregorius no end and cause him to leave Bern, his home town , to travel by train to Lisbon and start a new life . What does an unexpexted travel to an unexpected city , not knowing the language or the history of the land , does to a poetic mind ? A sort of slow revelation occurs and this interior voyage is a profond expérience ,a discovery of a colorful southern and recluse culture which drives relentlessly the the reader along .

An obscure but talented portuguese writer Amadeo de Prado, now dead , is our guide : Gregorius reads him constantly and tries to find his old surviving friends all over lisbon, a city which he discovers on his own. These essays on love, friendship, death and his own biography are somewhat reminiscent of Montaigne or even Camus : how to live one's life, achieve a sort of Virtue and survive hard times . We are thus invited on a fascinating spiritual and to a certain level political, quest of Amadeo and what he represented to Gregorius curious mind  ; an isolated genius,like a Renaissance man, born in a traditional, old fashioned culture ( Portugal) steeped into the past , who endured the dictatorship of Salazar, a cruel and terrible regime not at all as well known as Franco or Mussolini's were

It is an extraordinary quest , requiring a great deal of courage and perseverance ,with the knowledge of an ultimately failed life of Amadeo and his tragic demise at the end ; we learn a great deal and are nourrished .It is a great and unforgettable book,and also a magnificent ode ot Lisbon, a wondeful and mysterious city , full of old neighborhoods and gardens, far on the other side of Europe.

dimanche 12 septembre 2010

Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire, Flammarion, Prix Goncourt 2010

Le dernier livre de Houellebeck est une étude sociologique de la France actuelle en même temps qu'un portrait de l'artiste contemporain, collant à son époque , faisant de la pub ou promotion télévisuelle et médiatique de son œuvre au fur et à mesure de sa création, ainsi que citant des célébrités ( ou les » people » ) sans arrêt pour en assurer la diffusion ; C'est stupéfiant, on se croirait au festival de Cannes, et c'est tordant : on assiste donc, dès la première page à la mise en scène de Fréderic Beigbeder,Jean Pierre Pernault de TF1, de Julien Lepers, de Patrick lelay etc , tous des personnages connus , assez nuls d'après l'auteur, sauf Beigbeder qu'il aime beaucoup. De grandes marques comme les cartes Michelin , les Super marché Casino , les compagnies low Cost telles Ryan Air abondent ,avec mots anglais et informatiques pèle mêle ; bref, on se sent aussi comfy que chez le coiffeur avec pizza et fast food , même si les portrait peints par un des héros du livre ( Jed Martin), de Steve Jobs et Bill Gates , de Damien Hirst, Jeff Koons etc . comme les représentants ultimes de notre civilisation occidentale ne nous atterraient pas un max. C'est hilarant,d'une ironie sinistre et implacable, pleine de fausse bienveillance qui va loin ; ces critiques acerbes, sinistrement ironiques, et franchement terrifiantes de la dévastation du XXI e siécle , sonnent juste et sont irréfutables, accablantes , quoique drôlissimes. Il y manque Johnny Halliday, et encore je ne suis pas sûre qu'il n'y soit pas,le roman étant très touffu. Le lecteur est maqué.

Houellebeck a dû s'amuser énormément, d'ailleurs il se met en scène lui même comme écrivain connu et décrié, asocial, sale et plutôt repoussant (puant) ,l'anti héros non lavé, déprimé célèbre, ne mangeant que saucissons en rondelles et buvant du gros rouge et bon vin en pagaille… Assez bien rendu par un auteur prônant comme mode de vie, la désillusion , le contentement minimum, l'ennui pérenne ,et la lucidité absolue en toute simplicité . Je sais qu'on le critique abondamment pour son «  devoir d'être abject », sa « provocation permanente », et son plagiarisme même ; on l'appelle plaisamment « le Baudelaire des supermarchés » ( assez drôle d'ailleurs ), mais le ton incroyable de sincérité absolue et de culot tranquille , infernal, se fichant de tout et de tous , ne trompe pas : cet homme- là sait de quoi il parle . Notre civilisation est bien finie, il ne reste que de vivre à la campagne , peinard et sans douleur avec un bon petit computer,un petit revenu sûr .. et vogue la galére ! Le sexe ,c'est bien fini,Dieu merci, la famille et les enfants, n'en parlons pas, la création artistique , grotesque, «  it is a joke » ( car il parle anglais tout le temps ici ),la société libérale est une cata évidente … Les grands Présidents démocrates américains eux-mêmes comme Bill Clinton, John Kennedy et Obama apparaissant comme «  des botoxés lubriques «  en sont de bons exemples.. quelle misère ! Dans l'ensemble,il faut s'arranger pour voir le moins de cons possibles, la solitude existentielle étant parfaitement assimilée ; c'est la moindre des choses : saine vision des choses finalement. On ne peut s'empêcher de voir qu'il a diablement raison, ce héros , de s'extraire de la société de consommation et de vivre sans ambition, sans soucis , sans créer quoique ce soit de plus.

Mais il y a quelque chose qui cloche dans ce beau petit scénario : le dédoublement du héros de l'histoire est bizarre, peu crédible : pourquoi avoir crée Jed Martin et Michel Houellebeck aussi, qui se ressemblent et sont assez amis d'ailleurs , et pourquoi avoir imaginé la mort atroce et sanglante de Houellebeck qui a la tête coupée et le cadavre déchiqueté par un inconnu pervers ? C'est vrai que dans les romans précédents , il y a aussi des morts violentes , et que notre époque est violente et souvent criminelle, mais ce développement de l'intrigue affaiblit quelque peu le roman qui jusque là, était étonnamment crédible, valable et cohérent.Mais Houellebeck croit par ailleurs qu'une vie humaine doit aller jusqu'à sa fin naturelle , que la mort fait partie intégrante de la vie et en quelque sorte la couronne de signification. Une mort violente ne devrait pas tomber sur un individu plutôt doux et sans prétention car il ya une sorte d'humilité dans son retrait du monde, qui se veut bouddhique mais reste malgré tout hyper célèbre, un de ces «  people «  abhorré … quel sort cruel que d'être le prochain inévitable Goncourt !

jeudi 2 septembre 2010

Amelie Nothomb, Une forme de Vie , Albin Michel, 2010.

Le dernier opus d'Amélie Nothomb est excellent, particulièrement réussi ; récit bref de forme épistolaire , style concis assez comminatoire , ton ironique mâtiné d'auto- dérision du plus bel effet sur un sujet difficile , douloureux et même grotesque : l'obésité . Pas n'importe quelle obésité, mais celle d'un soldat américain au combat en Irak , qui vers la quarantaine s'est trouvé une parade à la peur du combat et la terreur ambiante face au terrorisme de rue comme d'autres de ses congénères d'ailleurs . Il y aurait pas mal d'obèses dans l'armée US en Irak paraît-il , et ce militaire, se met un jour à écrire à Amélie Nothomb . Cette dernière entretient une correspondance fameuse avec de nombreux fans et parle ouvertement du » vertige d'un courrier partagé » qui apporte évidemment l'illusion d'apporter du sens à toute vie. Le soldat Melvin de son coté est transporté par ce courrier et peu à peu révèle le secret de son obésité. Nothomb comprend très bien ce que cette révélation signifie et le montre clairement et sobrement ; il y a en elle quelque part ,un prof de Philo de style lapidaire : ce soldat est exemplaire d'un mal social .

Voilà un mal social de nos sociétés qui à l'instar de l'alcoolisme est un terrible résultat de la dépression profonde qui afflige ceux qu'appelle les inadaptés sociaux , exclus ou autres psychopathes : le futur obèse se baffre par compensation orale , ici pour combattre la peur du combat, et en général pour combattre isolement ,sentiment de rejet et malheur. C'est un fléau social grandissant, une pathologie qui règne partout en Occident et même en Chine désormais à laquelle notre auteur a raison de s'intéresser. Un mal qui est lié évidemment à la sédentarité, une solitude de repli et donc particulièrement à une nouvelle forme d'addiction moderne : Internet . Melvin est naturellement un internaute professionnel depuis longtemps et cela permet une bonne petite critique de l'Amérique vue comme miroir de l'Europe ,assez peu originale faut-il le dire , critique donc de ses mœurs et vices variés ( que Nothomb abhore) . »L'obésité précise-t-elle , est insupportable, mais on la supporte. Tout s'accepte . » D'un autre coté, vivre accroché à internet pendant des heures rend la vie irréelle, et un courrier signifiant apparait alors comme une planche de salut. Un écrivain peut donc sauver son prochain ?

Ecrire à un écrivain connu qui a la gentillesse de vous répondre et de s'intéresser à vous, donne de la dignité, qualité inconnue , désespérément désirée de tout être souffrant , c'est vrai. Melvin nous dit qu' Amélie d'une certaine manière le cautionne ( donc lui donne un statut) en lui proposant, un peu légèrement peut être d'étudier et d'écrire sur sa propre obésité.Ce roman est fascinant d'invention. Elle lui dégotte même un éditeur américain potentiel…

Maintenant, n 'allez pas tous écrire à Amélie Nothomb, la pauvre a déjà trop de correspondants comme cela …Mais elle fait ici une critique social étonnante et pleine de compassion , parfaitement consciente de ses propres prétentions et illusions . Elle est trop intelligente pour se tromper sur elle-même.


 

 

mercredi 18 août 2010

Jonathan Coe,The Terrible Privacy of Maxwell Sim, 2010

Jonathan Coe has been known since the seventies as a political satirist and a very funny writer in Britain,remember the huge success of " The House of Sleep and " What a Carve up") but now he is has switched to a more serious and grave tone as middle age sets in for him and for his heroes. We are in the suburbs and Max had been severely depressed for a year, out of work and divorced; The pits, as they say . What can be done except finding out what went wrong and going back on painful events ,lost opportunities and ordinary failures in the absolutely plain life of this looser of a guy who manage somehow to win our sympathies. A difficult task but the ironic tone and still very acerbic pen of Jonathan Coe helps to unfurl the melodrama as we go along this pilgrimage, since a year of therapy has achieved nothing much : Max travels to Australia to visit his estranged father to no avail because they do not talk, returns to England having only noticed a Chinese woman playing nicely with her kid in a restaurant,then visits his ex wife and kid and nothing changes, visits an old flame whom he beds in a drunken state.. all of this in a décor of British ,Post Blair style of consumer's paradise which is hilariously critical : Corporate meaningless jobs, Driving on Motor ways, awful Chain restaurants, atmospheric Bars, Barbe Cues,TV shows etc.. a scene very much like middle class America in an Updike novel , but funnier thank God! Coe describes the bliss of the car GPS and its lovely Voice as no one else does, and his description of menus to be found in Welcome Breaks of the road are priceless: Pizzas," Coffee Primo","Prosciutto and salad Panini " are our hero's favorites. He likes them and eats them everyday ; this is the sort of place where he belongs." A little oasis of urban ordinariness"as Coe describes it . He even likes the rustic chairs and tables and feels comfy and reassured by them.

So what is the crux of this failed life ? The terrible loneliness of Max who knows nothing about himself : he is in a fog but step by step and painfully, he finds out capital facts that have shaped his life: his father is an homosexual never out of the closet, his own marriage died because there was no sex and no talk between spouses since the child's birth ( 7 years) and finally he is a secret homosexual himself… curiously the all important fact of an interesting work is not dealt with, but he does find a job again and will resume his life.Coe tells a story of survival in the modern Hi Tech world, it is simple and at the same time terribly difficult ; the web and its social Sites are evidently not the answer.

Middle age is accepting life as it is, failures and irretrievable losses as well as good points which were neglected, the human lot in a known world, no rhyme to flee to Australia or the other side of the world as if paradise was waiting there. There is no paradise, only the Real ( or Reality ) which is our given destiny: "proceed on the current motorway", says the lovely voice of" Emma" on the GPS . Just don't fall in love with Emma, she does not exist.

Qui êtes-vous ?

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Brussels, Belgium
Née à Bruxelles, mère résistante et sculpteur, père homme d’affaires, études à l ’Université libre de Bruxelles ( Philosophie et Lettres ; arts primitifs), puis à Harvard ( anthropologie), Rutgers New Brunswick, Duke University .N.C. USA ( littérature comparée, Masters et Doctorat.) Thèse publiée (Ph.D) sur Valéry et Mallarmé. Enseignement universitaire aux USA, en France (Aix en Provence) et au Liban (comme coopérant) ,littérature et philosophie , en français ou anglais. Mariée en premières noces à un avocat américain G.Robert Wills et puis à un peintre et publiciste Français, Jean- Pierre Rhein (décédé). La plupart des publications sous le nom de Wills.Vit à Bruxelles.