Tout d'abord le style télégraphique de petites phrases courtes, en cascade, mal connectées (probablement par choix) est extrêmement désarçonnant. Angot refuse la narration et décrit en sociologue; il faut l'accepter. Le scénario est simple: une jeune femme francaise raisonnablement séduisante, sans qualifications particulières décide de se mettre en ménage avec un musicien martiniquais, type relax et gentil. A priori, rien de dangereux, elle n'est pas raciste; mais ils sont pauvres et font plein d'enfants. Les problèmes pour "les petits" (les sans moyens), quand ils surgissent sont insolubles car on est oblige de survivre tous enfermés dans le même appartement.
La femme est une impitoyable tyran domestique qui régente tout et tous, sans arrêt et sans répit. Une psychopathe, a éviter a tous prix et le pauvre homme n'a rien vu venir. L'amour a disparu depuis longtemps évidemment.
La dégradation de ce ménage a cause de la violence des querelles, et la presque ruine des enfants, qui sont adorables, est décrite parfaitement jusqu'à la mise en prison du mari et la défaite de ses visites parentales.
Il adore ses enfants, et on souffre avec lui. A ce moment du récit, le style froid d'Angot devient plus empathique et plus liant heureusement, ce qui retient le lecteur car le roman devient Dostoievskien.
Il y a tout un monde de maris non européens, rejetés et démunis de leurs droits par la justice francaise que l'on découvre ici et il est terrible. Ce livre étonnant vous le fait découvrir. La justice est pour les mères où les maris qui sont les plus atroces dans leur délire de puissance pousses par leur psychose. La fin de la vie normale d'enfants innocents est programmée.
C'est terrifiant et scandaleux car on sent très bien l'enquête sérieuse qui a été faite ici de ce cas emblématique; cela est fréquent. Les bons avocats sont chers, ne l'oublions pas. Il ne faut pas être pauvre.
Merci à Christine Angot.
Location:Bergmansbeekweg,Grimbergen,Belgique