Ce petit ouvrage est un chef d'œuvre de concision , de sobriété et de tragique absolu qui se déroule au Japon, dans la ville de Nagasaki . Que fait-on quand on est sans logis et en fin de droits, voilà une question qui se pose dans tous les pays avancés où les personnes de 50 ans sont larguées par le systeme et ont trop honte pour rester dans leur ancien quartier . On erre à l'aventure et on essaie de survivre ; on peut tomber sur une habitation vide la plupart du temps où on peut s'y infiltrer tranquillement. C'est ce qui se passe ici , mais ce n'est pas une action anodine même si l''intrus est d'une discrétion absolue et ne prend rien ni n'abime rien. Immédiatement on se heurte à la violation du domicile et de la personne qui a le droit de se sentir seule et non espionnée, surtout dans les sociétés occidentales( dont ls Japon fait partie ) où l'autonomie et vie privée sont mises en valeur. L'intrus , condamnée, fera 5 mois de prison .
Le personnage Shimurra qui a été violé dans son intimité ( quoiqu'il vivie seul) est tellement perturbé quand il éecouvre cette clandestine grace à un webcam, qu'il doit quitter son domicile et déménager.Shimura est un isolé qui a abandonné tout lien social quasiment mais il veut etre seul , tranquille chez lui et il a été très déstabilisé . Nous ne le voyons que de l'extérieur, mais nous comprenons l'importance capitale d'un domicile privé dans une vie humaine.
La deuxieme partie nous livre l'âme de l'intruse sans logis, qui veut s'expliquer par une petite confession. Elle a 58 ans et n'est nullement criminelle . Elle a adoré habiter dans cet appartement tranquille et s'y reposer dans le calme. Elle a tout regardé et fouillé tout, mais elle a respecté le lieu. Tous ses malheurs proviennent de 2 choses dans sa vie : avoir été obligée de quitter la maison familiale à 8 ans et avoir perdu ses parents à 16 ans , dans un glissement de terrain.Tout s'est écroulé et rien dans sa vie n'a tenu, elle a même été une revolutionnaire rouge …
Mais la maison de Shimura a été un baume inespéré , un paradis retrouvé, car c'était la même maison perdue de son enfance qui existait toujours .. Notre héroine n' a pas honte de ce qu'elle a fait .Non, elle avait plus le droit d'y être que Shimura lui-même car elle l'aimait cette delicieuse maison, le plus profondément des deux , ayant même retouvé sa chambre de petite fille d'où elle regardait tout Nagasaki ! Proust ne parle que des lieux si profondément mythiques de son enfance d'où toute son œuvre procède, et nous savons tous que la perte de domicile est la plus indéfendable des tragédies sociales actuelles.Ne pas être pauvre est impératif, voilà la raison d'une survie possible
Que dire à cela ? Ce petit livre est une merveille et sans aucun prosélytisme,ou humanitaire larmoyant ; parfait ,troublant et désolant au cœur du lecteur.