Un autre écrivain danois dans la semaine Scandivave qui s'impose, est Grondahl ,bien connu déjà , dont le titre serait plutôt ici « douleurs du cœur « car il y parle du phénomène de l'amitié d'enfance ou de jeunesse qui ne survit pas au temps ou à la maturité .Ces amitiés si passionnées dans la jeunesse sont tellement basées sur le pouvoir de l'illusion et du prestige mythique conféré par l'appartion de certains être vis-à-vis de nos origines sociales que nous ne les voyons pas. Rappelons- nous à ce propos du pouvoir mythologique du jeune Saint -loup , personnage épique, sur le jeune Marcel dans « La Recherche « qui perdure jusqu' à la fin de la guerre avec la désillusion finale de « Sodome et Gomorrhe » et du « Temps retrouvé « qui donne le coup de grâce.Quel terrible coup de massue, quelle affreuse déception et quelle trahison !
Le héros Adrian et le narrateur sont un duo dès l'adolescence, le pauvre dont le parents vivent dans un quartier interlope de bordels et de bistrots louches et le gosse de riche, beau sans complexes, insolent et drôle dont les parents sont invisibles,font équipe. Rien ne les sépare mais déjà à 25 ans les affaires sexuelles et les jobs prometteurs, les séparent irrévocablement . Adrian ne veut rien voir et le narrateur non plus, sauf un événement indicible que ce dernier a surpris . L'inceste entre Adrien et sa sœur ,dont le narrateur est l' amoureux transi et fidéle . Cette transgression inimaginable et cette double trahison le transperce et il le refoulera et n'en parlera jamais avec son ami. Le pire dans cette histoire est que le même crime incestueux se répétera des années plus tard et sera révélé après la mort subite d'Adrien ; il a violé sa belle fille et rendu sa veuve intraitable et muette …Qui pouvait l'imaginer ?
Comment peut- on survivre psychologiquement à la perte d'une une amitié perdue , qui se révèle être un aveuglement impardonnable et volontaire, une trahison vis-à-vis de soi- même, et une honte personnelle ? Grondahl décrit ce conflit avec sobriété et mesure et la subtilité voulue, car on se remet mal de s'être trompé à ce point sur un être qui avait cessé d'être proche mais malgré tout ,représentait le royaume perdu de l'enfance innocente, L'innocence perdu est bien la plus grande douleur qui soit dans ce monde.