Book reviews Critiques littéraires Books recently published in english and french.

jeudi 17 décembre 2009

Dave Eggers, What is the What, autobiography of Valentino Achak Deng, 2007, Prix Medicis Etranger 2009

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This book can be seen as an impostor's work because it is written by a well known American white author and teacher, active in humanitarian causes , about the life of an African Sudanese refugee who was part of the great massacres of the Darfur area and fled his village in a group of the famous "Lost Boys of Sudan" to seek refuge in Ethiopia and in Kenya UN camps. The author and the actual actor of this horrendous adventure are totally foreign to one another, come from different cultures and continents, and naturally the self appointed writer, Eggers ,was accused by critics of "expropriating another man's identity " in order to write a false auto biography. Is it worth reading in this viewpoint?

Certainly, the harrowing epic of flight, pursuit, danger and utter spoliation of a people, the Dinka of southern Sudan, is ideal material for dolorous and tragic fiction dressed in the memoir of a real life lived by an actual new American who is Valentino or Achak ,in a book that would of course be hugely popular .This is exactly what happened and the talent of Dave Eggers is felt throughout the tale to produce enough emotion , drama, suspense and fury against the horrible Muslim aggressors of the North to create indeed an accomplished "page turner."
Yet, the book is worthwhile as a work of literature because the voice of Achak is heard in all its capacity to evoke the ineradicable losses and alienation of such refugees in western countries: the complete loss of their culture (agrarian, simple , physically close knit),of their basic happiness and established place in society , and then as a result their absolute failure in the USA of today. It is perhaps the greatest surprise of the book: the horror of American life for these poor Africans, who have been completely assisted after their terrible trek and do not know how to live in a democracy without great mental anguish. They understand nothing of the elemental toughness of American culture: survive and be responsible, accept competition, have bad paying jobs for a long time , work incessantly , defend oneself against aggression and theft of all kinds , find sex and love without pre –arranged marriages form the home country etc.. It is not possible apparently for them, it is too late .. Western life is so tough and incomprehensible to them that they spend their life on the mobile phone to hundred other Sudanese refugees in hopeless self help conversations or emailing to Africa… which means not doing the essential thing an immigrant must do in order to integrate: to know and talk to local people and neighbors, to make American friends, to do what Americans do to enjoy themselves , to learn the culture and the history of the USA . No immigrant usually learns how to do all these things but the Sudanese are worse somehow. They cannot separate their dreams of instant paradise ( i.e the idealized USA ) from the reality of building a decent life as an average citizen and accept an average life. Because they all thought that they were such gifted individuals, that God was protecting them especially,that they were expected to somehow redeem their poor country by becoming rich American businessmen and go back as political geniuses… And what happens in reality ? These poor kids end up in brutal fights with black American hoodlums who despise them , collapse in drugs and even prison ,or are embraced by humanitarian whites ,who offer them a week end in their suburban home etc; It is grotesque and pathetic, such a failure which the reader feels more than the actual victims perhaps point to their African saga ( the long march amongst attacks by lions, serpents , Muslim militia and the specter of becoming a child soldier) as a life of courage and absolute realism which is now in retrospect , bathed in nostalgia.

The title of the book refers to the "What" as being the riddle posed by God to Man: "the What " is what he has given to you and how to appreciate it .In the case of the Dinka, it is Peace and bountiful Cattle rt raise. This is naturally the Pastoral life of the High plateau tribes of East Africa, from Sudan , Ethiopia and Kenya ; a life ruined by civil war which means the taking of fertile lands by armed Muslims from the North and their atrocious president Al Bashkir and the forceful removing of populations , and later, the expropriation of tribal lands where oil was discovered in the soil. The hand of AL Quaida is here everywhere to be seen since bin Laden made so much money in Sudan. It is indeed an historical tragedy.

We have here in a sense the heroic life of rural survivors , who do not know how to survive in a society of plenty and materialistic achievement ; what is a suburban mall in the face of an empty desert surrounded by blue mountains under a huge African sky with childhood mates sleeping on the ground next to you ,with lions roaming silently in the bushes . Nothing but paradise lost .

mercredi 9 décembre 2009

Hubert Haddad, Palestine,Prix Renaudot Poche 2009

Auteur de romans et d'essais, Hubert Haddad est d'origine maghrébine et a obtenu le prix des Cinq Continents de la Francophonie pour le même livre, en 2008 .

L'action se passe sur la ligne verte et le long du mur entre Israël et la Palestine et nous est relatée dans le style haletant, plein d'urgence du récit du guerre plein de dangers. Le héros est Chaim ,soldat israélien frappé d'une balle dans une escarmouche entre soldats de Tsahal et militants palestiniens. Le blessé qui aurait dû être un otage , devient amnésique et est sauvé par ses agresseurs palestiniens qui le soignent  . Résultat : il ne se souvient plus de son origine, ni juif ni arabe, et il est est alors confié à une famille de femmes palestiniennes dévouées qui le prennent pour leur fils disparu, un certain Nessim . Le voici devenu Palestinien en quelque sorte, et il est même entraîné pour devenir un kamikaze( ce qu'on appelle communément un fou d'Allah) et transféré à Jérusalem clandestinement .

L'otage Chaim qui a été recherché par tout le monde, Tsahal , le Fahta, le Hamas et ses propres ravisseurs a été caché sous le déguisement le plus facile dans cette région, celui de terroriste Palestinien, mais le nouveau Nessim ne comprend pas vraiment ce qu'on attend de lui : il est dans le brouillard .Voilà une critique à peine voilée des Palestiniens et de leur insupportable politique de violence entre factions rivales et concurrentes, qui se trompent de cible , critique à laquelle on ne s'attendait pas d'ailleurs. Bref, la malheureux Nessim déstabilisé par le mort de sa «  mère » palestinienne , recherche dans la vieille ville un certain Omar, qui va lui donner des directives ; celui-ci l'équipe d'une  »une ceinture d'explosifs et l'envoie faire sauter un bus en plein Jérusalem . On devine le topo : le voici maintenant affublé en soldat juif et muni de son ancienne identité israélienne sans le savoir ; il s'appelle de nouveau «  Cham » . On croit rêver ,intrigue invraisemblable et rocambolesque, mais on y croit sans discerner le faux du vrai.

Cette horrible métamorphose de la perte de mémoire dans la pire guerre fratricide du Moyen Orient donne à penser ; pouquoi est- ce que le lecteur marche ? Disons-le tout net  : le langage parlé des militants hystériques sous pression , se croyant tous investis d'une mission divine est communicatif à cause de l'automatisme induit par l'action terroriste immédiate : on ne questionne plus rien et on suit le cours des choses , en terroriste sous influence … Le héros sauve son âme quand même , car il est reconnu en dernière minute par une vieille copine qui grimpe dans le bus et lui parle ,sans se douter de son aventure, de son frère disparu .. Le voile se déchire brutalement et la mémoire lui revient… Non, il ne se fera pas sauter .

Il reste un récit superbe, tragique, au bord de l'abime et frappant par la nullité des ces actions atroces qui s'annulent l'une l'autre ; au milieu d'un paysage campagnard et urbain, démoli et silencieux, la nuit bleue orientale tombe sur la cabane où l'otage s'est refugié.

Gwanaelle Aubry, Personne, mercure de France, Prix Femina 2009

Cette jeune Philosophe donne ici un roman mémoriel sur son père, une quête d'identité sur la personnalité double de ce père avocat et professeur de droit, et en même temps clochard et SDF glissant dans le néant : un père fou qui a obsédé et presque ruiné la jeunesse, l'âge adulte et les vies de ses deux filles. C'est donc un récit dur et pénible à lire tout en étant tragique de par son écriture lyrique et souvent métaphorique pour évoquer ce qui parait être une schizophrénie caractérisée. On pense souvent à Althusser.

Comment décrire un fou qui est aussi un homme remarquable, qui souffre lui-même beaucoup de sa propre déchéance , de son besoin irrépressible de s'abimer dans l'absence ? Car Il désire être personne, il est constamment hanté par le désir de disparaitre. Aubry aligne donc une série portraits, portant des titres choisis par elle et par lui même dans ses divagations et ses écrits : «  Flic », «  Gisant « , « Hoffman (Dustin) » «  Léaud ( Jean Pierre ) « ou «  Pirate «  etc. qui évoquent tous des rôles ou des masques choisis par le malade au cours de sa vie . D'où ce titre étrange «  Personne «  qui est un terme psychiatrique en tant que « persona », mais le livre aurait pu se nommer « L'absent «  tout aussi bien .

Deux émotions flottent en permanence dans l'âme de la narratrice : l'angoisse et la culpabilité mais de maniére inégale car dans l'enfance les deux petites filles éprouvaient de la terreur vis-à-vis de ce père imprévisible qui disparaissait ou s'enfermait dans son bureau ; et à l'âge adulte quand Aubry essaie de se faire une vie normale et d'échapper à l'emprise de cette folie, elle se sent coupable de l'abandonner à sa solitude. Ce père anormal, souvent en loques, ivre ou errant et interné de force, est méprisé par le reste de la famille, famille très bourgeoise et traditionnelle, et n'a plus que ses filles adultes pour l'aimer et lui parler au téléphone par exemple. Tout cela est déchirant, les scènes de commissariat par exemple, et c'est très dur à lire car il n'y a pas de répit . Mais c'est un livre qui n'est pas misérabiliste pour autant et a un poids psychologique énorme, qui interpelle tous ceux qui connaissent la maladie mentale au milieu de leurs proches et qui ont appris à vivre avec ce terrible fardeau. On ne peut pas gagner cette bataille, seulement la subir, et Aubry s'en est délivrée avec son livre- hommage. Pour les lecteurs, le sentiment de pitié prévaut ainsi que l'admiration pour cette œuvre belle et courageuse. Un prix Femina mérité.


 

Qui êtes-vous ?

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Brussels, Belgium
Née à Bruxelles, mère résistante et sculpteur, père homme d’affaires, études à l ’Université libre de Bruxelles ( Philosophie et Lettres ; arts primitifs), puis à Harvard ( anthropologie), Rutgers New Brunswick, Duke University .N.C. USA ( littérature comparée, Masters et Doctorat.) Thèse publiée (Ph.D) sur Valéry et Mallarmé. Enseignement universitaire aux USA, en France (Aix en Provence) et au Liban (comme coopérant) ,littérature et philosophie , en français ou anglais. Mariée en premières noces à un avocat américain G.Robert Wills et puis à un peintre et publiciste Français, Jean- Pierre Rhein (décédé). La plupart des publications sous le nom de Wills.Vit à Bruxelles.