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vendredi 5 février 2010

Olivier Adam, Des Vents Contraires, ed de l’Olivier, Prix RTL 2009

Un écrivain très doué ( Prix GONCOURT de la Nouvelle en 2004 , pour « Passer l'Hiver « ) mais connu pour ses thèmes populistes et fortement émotionnels ,n'attire pas à premier abord. Ici le thème de la disparition de la mère laissant seuls un jeune père à peu prés chômeur et ses deux petits enfants est évidemment triste, très touchant ,et exaspérant par son pathos . Le livre cependant est une œuvre littéraire, il faut le dire, qui force l'admiration par sa prose splendide ; des descriptions extraordinaires de la côte Emeraude en Bretagne pendant l'hiver avec des tempêtes fastueuses, des vents terrifiants, des vagues énormes en rafale sur une grève glaciale , des arbres tordus comme dans les tableaux de Turner .. à vous couper le souffle . Un style incisif, un vocabulaire étonnant de variété, des descriptions de plantes marines splendides et un lyrisme romantique aux accents Hugoliens. Cet homme fait corps avec la Nature comme personne d'autre.

Le sujet de ce roman dégénère presque inévitablement dans la veine misérabiliste  par une accumulations de crises de larmes de toute la tribu, spécialement de la gamine , d'ailleurs hystérique en plus, de silences et fugues du gamin , de beuveries désespérées du père etc..Bien évidemment le malheur absolu est difficile a dépeindre  et devient un fardeau quasi inabordable . La mère qui a disparu est probablement morte ,et naturellement le trio ne peut supporter cet abandon impensable sans s'écrouler : les enfants sont difficiles et gâtés,les écoles sont supposées trop disciplinaires, le père est incapable de travailler, il boit et s'abime dans des virées de plus en plus dangereuses, il y a même un copain déménageur , lui aussi père abandonné , qui meurt dans un accident ….bref, tout le monde pleure tout le temps.En conclusion, trop de malheur tue le malheur et le compassionnel noie le lecteur dans la panade , comme l'humanitaire peut le faire, ce qui finit par dégouter le lecteur , mais on réussit à s'accrocher quand même car on s'identifie aux personnages et la pitié nous tient. Remarquons ici que ce qui est un fameux défi pour un écrivain, de tenir son lecteur.

Car le livre malgré tout est bon , soutient un rythme puissant qui mène l'histoire à son terme,qui est une forme d'apaisement quand on apprend que la mère (qui a été tuée par un de ces criminels atroces) ne reviendra pas , que le deuil doit se faire et qu'une certaine normalité va revenir dans ces vies à la dérive. Sauf, qu'on s'aperçoit insidieusement que le père jouissait extrêmement de son malheur et l'exploitait à la perfection, il souffrait tellement bien … et comment va-t-il se remettre à la vie normale du travail , à la responsabilité, aux assurances, à l'éducation des gosses, à la recherche d'une compagne convenable etc… Oui, c'est moins lyrique évidemment . Voilà le sujet d'un autre roman, tout aussi intéressant pour un auteur qui connait certainement les écueils de la vie de l'homme sensuel moyen.

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Brussels, Belgium
Née à Bruxelles, mère résistante et sculpteur, père homme d’affaires, études à l ’Université libre de Bruxelles ( Philosophie et Lettres ; arts primitifs), puis à Harvard ( anthropologie), Rutgers New Brunswick, Duke University .N.C. USA ( littérature comparée, Masters et Doctorat.) Thèse publiée (Ph.D) sur Valéry et Mallarmé. Enseignement universitaire aux USA, en France (Aix en Provence) et au Liban (comme coopérant) ,littérature et philosophie , en français ou anglais. Mariée en premières noces à un avocat américain G.Robert Wills et puis à un peintre et publiciste Français, Jean- Pierre Rhein (décédé). La plupart des publications sous le nom de Wills.Vit à Bruxelles.